La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 4 Correspondance d'A. Bailly - 1 651 Le 15 janvier 1 648 le recours à un de ces expédients mit le feu aux poudres. Au moyen d ' un lit de justice43 le roi obligea en effet le Parlement à enregistrer sept nouveaux édits fiscaux parmi lesquels l ' un, qui prévoyait la création de douze nouvelles charges de maîtres de requêtes, provoqua le ressentiment des parlementaires qui, à cause de ces mesures, voyaient le prestige de leurs charges lésé, leurs intérêts atteints et leurs profits diminués. L' avocat général Omer Talon protesta ouvertement et déclara la volonté des parlementaires de délibérer à nouveaux sur ces édits. La reine s ' adressa alors aux autres cours souveraines (Chambre des Comptes, Cour des Aides et Grand Conseil) pour en obtenir l 'enregistre­ ment, mais elles se montrèrent solidaires avec le Parlement. Elle tenta de créer un désaccord entre ces compagnies concédant une faveur aux parlementaires qui, contrairement aux membres des autres cours, n' auraient pas dû renoncer à quatre années de leurs gages pour obtenir le renouvellement du droit annuel de la «Paulette», la taxe qui accordait aux magistrats la survie de leurs charges. Mais le Parlement refusa ce bénéfice et, le 1 3 mai, il décida de signer un arrêt d' union avec les autres cours souveraines. Cet acte est traditionnellement considéré comme le début de la Fronde parlementaire. Les délégués des quatre compagnies visaient à une réforme de l' É tat qui donnerait plus d'autorité aux magistrats et limiterait le pouvoir de la régente et de Mazarin. Leurs requêtes furent rédigées dans une charte de 27 articles, dit l' arrêt de la Chambre Saint-Louis44• La reine dut d' abord accueillir leurs instances mais, le 26 août 1 648, elle fit arrêter le conseiller Broussel, un personnage très populaire, ce qui déclencha une réaction violente de la part de la population de Paris où des barricades furent élevées45• 43 Si le Parlement qui, outre à son rôle de tribunal suprême, était appelé à enregistrer les édits royaux avant leur publication et application, s'y refusait, le roi pouvait avoir recours au lit de justice: il se rendait au Parlement et, avec un cérémonial rigoureusement établi, il imposait sa volonté et faisait enregistrer d'autorité ses édits. 44 Le nom dérive du lieu où les réunions se tenaient. Ce texte constituait un véritable manifeste contre !'absolutisme monarchique et revendiquait pour le Parlement des pouvoirs de plus en plus importants. 45 Ces premières phases de la Fronde ont été étudiées par Roland MOUSNIER, Quelques raisons de la Fronde. Les causes desjournées révolutionnaires parisiennes de 1648, dans La plume, lafaucille et le marteau, Paris, P.U .F., 1 970, pp. 265-300; Robert DESCIMON, Les barricadesfrondeuses (26-28 août 1648), dans La Fronde en questions, actes du XVIIIe colloque du Centre Méridional de Rencontres sur le XVll° siècle, Aix-en-Provence,

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