La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 64 Correspondance d 'A. Bailly - 1651 la seconde, qu' elle en donneroit une autre portant / [f" 2v] commandement au Parlement de regitrer la Bulle de 1 646 contre les cardinaux absents et qui leur enjoint residence à Rome15; et la derniere, qu' elle seroit suppliée de souffrir qu' on fit justice au Roy, notablement offencé en sa persone et en son authorité, par l' opposition que le Clergé a faite à leur arreté d' exclurre les cardinaux des Conseils du Roy. Demain le Parlement s' assemblera pour deliberer sur ces conclusions, dont la derniere est bien ridicule16• Cepandant le Garde des Seaux a dit à une puissance que, quand la Reyne luy cornmanderoit cent fois d' expedier la declaration pretendue contre les cardinaux, il n'en feroit rien du tout, alleguant pour sa raison que le Estats Generaux ne manqueront pas de casser cette declaration comme injurieuse au Clergé et à la Noblesse, et que cela tourneroit à son ignominie. Aussi le Parlement, prevoiant bien la fermeté du Garde des Seaux, a adjouté à son arresté qu' il y auroit cette restriction dans la declaration: que les cardinaux seroient exclus du Conseil, hormis ceux que le Roy declareroit y pouvoir entrer pour leurs bons et agreables services, ce qui ruine entierement la declaration, car le Roy n' admettroit jamais à son Conseil aucun cardinal sans exprimer les services qu'il luy auroit rendus . Neantmoins l e Garde des Seaux, dechargé par cette modification, n'en veut rien faire. «Tout cela veut dire que le Parlement, reconoissant sa foiblesse, pliera et que, ne se trouvant plus d' Eminence en ce Royaume, toutes choses demeureront unies.> // [f0 3r] 15 Au début de 1 646 Innocent X avait publié une bulle qui défendait aux cardinaux de sortir de Rome sans l'autorisation du Pape et punissait l'infraction à ses ordres par la confiscation des biens, la privation des dignités ecclésiastiques et l'excommunication. Le prétexte avait été la fuite des cardinaux François et Antoine Barberini en France, où ils avaient obtenu protection, mais en réalité ce n'était que le reflet du vrai climat d'hostilité qui s'était instauré entre Rome et la France. Mazarin, concerné par cette bulle, avait laissé les gens du roi la déférer au Parlement comme contraire aux libertés de l' Église gallicane. Cf. Adolphe CHÉRUEL, Histoire de France pendant la minorité. . . , cit. , t. Il, p. 1 8 1 . 16 Le texte de l'opposition du clergé à l'exclusion des cardinaux français, datée du 1 6 mars, est publié par Dubuisson-Aubenay (cit. , t. II, pp. 34-35).