La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

176 Correspondance d'A. Bailly - 1651 auriez peu d' argent, tout le peu qui se trouve dans l' epargne estant emploié à contenter les uns, et les autres11• Et luy repliquant que, faute d'un notable secours de deniers, vous ne pourriés ni joindre vostre armée à celle du Roy, ni empescher les Espagnols d' emporter quelque place en Piemont et mesme Casai, il m'a fait les réponces suivantes: / [i° 3r] Que ! 'Espagnol, perdant toute esperance d'avoir Casai depuis qu' il a esté muni, fait embarquer à Final les 3000 Allemans qu' on avait fait venir dans le Milanais, avec d' autres trouppes pour grossir l' armée navale et aller en Catalogne, et que le reste de l ' armée, n' estant pas capable de faire aucun siege, ne s ' amusera qu' à ravager le Montferrat et le Piemont et essaier d'y trouver de quoy subsister18• Que V.A.R. doit, par son advis, tous-jours recevoir le secours d' hommes qu' on luy offre pour arreter l'enemi, et que les soldats subsistent avec un peu de pain, et qu' infailliblement les Princes estant maintenant reuni s avec la Reyne, on adjoutera le secours de l' argent à celui de la milice. Enfin, il m' a dit à l' oreille qu' il estoit bien que M. l' Ambassadeur pressat vivement0 pour avoir de l' argentr et que le refus qu' on fai soit à V.A. de souffrir qu' elle traitat avec l' Espagnol, pour une suspension d' armes et pour autre chose, estoit un signe manifeste qu'on ne l a / [f0 3v] vouloit ni desobliger, ni abandoner. 17 En effet des troupes furent envoyées au secours du Piémont mais la duchesse ne put obtenir l ' argent qu' elle demandait pour Je maintient de ces troupes. C'était là la préoccupation principale pour la Savoie et la correspondance de Bailly, aussi bien que celle des diplomates savoyards à Paris, revient inlassablement sur ce sujet. Tous les moyens furent mis en œuvre pour obtenir ce financement. Le surintendant Maison prit son temps et trouva des difficultés quant à la manière de financer ce prêt. Il fut décidé qu'il serait accordé, tiré sur les tailles du Dauphiné, ce qui était considéré à Turin une entrée faible et pas du tout sûre. Par l'intermédiaire de Le Tellier, de Bartet et de Brienne d'autres pressions furent faites. Le nouveau surintendant La Vieuville sembla mieux disposé mais en réalité i l n'accorda pas c e qui était souhaité, sous prétexte que les Espagnols attaqueraient plutôt en Catalogne qu'au Piémont. Une lettre de l'ambassadeurAglié du 22 septembre (AST, Corte, Lettere Ministri-Francia, liasse 57, fasc. II, lettre 1 14) donne la conclusion de cette affaire: «Il sovraintendente hà finalmente promesso questa mattina di spedir il negotio delle m/1 1 2 livre e d i signar l 'ordine al tesorier dell'espargne». 18 La Gazette datéee de Turin, 9 mars (p. 327), confirme: «Les estapes sont données sur le Final pour le passage des troupes Espagnoles dans le Royaume de Naples, desquelles on ne sçait pas encore au vray le rendez vous: les uns estimans que c'est autour de Cazal, les autres vers quelque place de Savoye. D'ailleurs il est des-ia arrivé sur le Milanez d'autres troupes levées dans !' Alemagne par l'ordre du Marquis de Caracene pour le service du Roy catholique».

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