La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
1 6 Correspondance d'A. Bailly - /65/ envers lui et décidèrent de s' unir avec le parti des princes. Pendant tout le mois de janvier les parlementaires demandèrent à rencontrer la reine pour la solliciter de libérer les princes mais ils ne furent reçus que le 20 janvier, sans d' ailleurs obtenir les résultats espérés car la reine leur promit la libération à condition que la duchesse de Longueville renonce à son traité avec l'Espagne et que Stenay soit évacué. Le 30 j anvier un traité fut alors signé entre Beaufort, Gondi et les autres frondeurs d'une part et les partisans des princes (notamment Anne de Gonzague, Pierre Viole, Charles Amedée de Savoie, duc de Nemours) de l' autre, auquel adhéra, bon gré mal gré, Gaston d'Orléans. L' objectif était la délivrance des princes et l 'éloignement de Mazarin, que tous les signataires s ' engageaient à obtenir. Pl usieurs avantages furent garantis aux différentes parties: le vieux garde des sceaux Châteauneuf aurait la place de premier ministre, Gondi la promotion au cardinalat, le duc d'Orléans obtiendrait plus de pouvoir dans le Conseil du roi, la fille de la duchesse de Chevreuse s' unirait en mariage au prince de Conti. Le 4 février le Parlement, désormais à nouveau ouvertement «anti-mazarin», publia un arrêt réclamant la libération immédiate des princes et le renvoi du cardinal. Mazarin quitta secrètement Paris la nuit du 6 au 7 février, dans l 'espoir que les dissensions profondes existant entre les frondeurs éclatent une fois que lui, le seul motif qui les réunissait, serait loin. À Paris on craignait une fuite de la reine et du roi47 et, la nuit du 9 au 1 0 février, la foule envahit le Palais Royal et exigea de voir le roi dormant dans son lit. Anne et son fils durent subir cette humiliation que le petit Louis XIV n' oublia j amais et, du 9 février au 30 mars, ils furent pratiquement prisonniers des frondeurs, car la garde bourgeoise contrôlait les portes de la ville. En plus, la reine devait affronter la contestation des nobles qui, réunis en assemblée du 5 février au 25 mars, demandaient la convocation des É tats Généraux48• La noblesse d'épée, itTitée par la prééminence de la noblesse 47 Ils avaient effectivement prévu de rejoindre Mazarin à Saint-Germain, où il s'était réfugié, mais ce projet fut révélé par Châteauneuf aux frondeurs. 48 Sur la question de l'assemblée de la noblesse, à laquelle s'unit l'assemblée du clergé qui se tint en même temps à Paris, cf. doss. 221 , note 14.
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