La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 82 Correspondance d'A. Bailly - 1651 et ledit Barthet, le Sur-intendant les luy refusa, disant qu'il n' avoit pas une pistolle, et de fait on les emprunta de Breteville6, tresorier des menus plaisirs. Il infere de là que V.A.R. ne devoit point perdre courage et attribuer à aucun mepris qu'on fit de ses remontrances et de ses interests ce que M. le Tellier avoit dit à M. l' ambassadeur d'Aglié de l' impossibilité où le Conseil estoit de luy donner tout le secours d' argent qu' elle demandoit, mais à la pure disette et verité7• Que je devois escrire à V.A.R. qu' elle prit bien garde de ne point traiter avec l' Espagnol, comme l'on menaçoit, et 0/ [f0 1v] de perdre ainsi en un moment tout le fruit et toute la recompense des importants services que vous avés rendus à cette Courone, dans le cours de tant d' années. Madame, M. le Chancelier et M . de Chavigni m' en ont dit autant et, certainement, ils sont tout à vous, particulierement le premier, qui ne cesse de louer vostre generosité. Pour consoler V.A.R. et la disposer à la patience, M. Barthet m'a permis de vous escrire en vous demandant tout le plus rigoureux secret. Premierement que M. le president de Maison, qui \est/ en reputation de dissiper les finances8 (et de fait aprés avoir refusé cinquante pistolles à la Reyne, il en joua, le lendemain.quatre mille chez l ' intendant Gargan ct9), va 6 Nous n'avons pas réussi à identifier ce trésorier des menus plaisirs. L' État (L') général de la maison de la reine de France où on voit les noms et les gages de tous les officiers et le quartier de leur service, s.l., s.d. (post 1 66 1 ) et l' État de la maison du roi Louis XIII. . . cit., ne mentionnent pas les titulaires de cette charge et les différentes généalogies consultées citent plusieurs familles de Bretteville (les Rouré, seigneurs de Breteville Fresquienne, les Briqueville, seigneurs de Bretteville), sans toutefois donner des renseignements qui permettent d'avancer des hypothèses sur le personnage en question. 7 Aglié fait état de cet entretien avec Le Tellier dans une lettre adressée à la cour de Turin datée du 1 4 avril (AST, Corte, Lettere Ministri-Francia, liasse 57, fasc. ll, lettre 37). Dans une autre lettre qui porte la même date (lettre 36, f' l r) il affume: «non pensano di soccorrer SAR d' alcun denaro con scusa della mala qualità dei tempi e della penuria che ve n'è hoggidi nelle finanze di Sua Maestà parendogli di proveder bastantemente all'indennità del Piemonte coll'armata del Re». 8 Selon Tallemant (op. cit., t. I, p. 1 1 5 1 ) Maison était souvent endetté et avait la réputation de mal payer les sommes dues. 9 Pierre Gargan ( 1 595- 1 657). Natif de Châlons-sur-Marne, il était marié à la fille d'un élu et échevin de Châlons. Secrétaire du roi en 1 636, il remplaça Tubeuf comme intendant des finances en 1 650. Cf. Jean Paul CHARMEIL, op. cit. , p. 257

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