La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 231 203 sur tout que leur cause estoit juste et qu'ils m'ont promis de venir à confesse à moi et de ne se plus battre. La partie du comte d'Aglié, qui est un extrait de geant, dit qu' il n'a rien veu de si hardi que ce Comte de refuser la vie, n' aiant plus d' espée15• La Reyne se rend tous les j ours plus ferme, plus absolue et plus independente de son Conseil. Et chacun est d' accord que, si elle eut eü un ministre moins timide, elle auroit regné heureusement. Il y a un grand et gros nuage sur le Palais Roial, tout prest à crever et plusieurs testes aprehendent les foudres qui en sortiront infailliblement. Comme M. le Prince protege et a promis amitié à M. Servient, que M. le duc d'Orleans vouloit faire chasser, aussi S.A.R. defend et a dit de vouloir estre ami de M. Tellier, que M. le Prince voudroit pousser à bout. Billes pareilles16• On parle du contract de mariage entre M. le duc d'Anguien et Mademoiselle de Valois, 3. fille du duc d'Orleans 1 7• Et que son aisnée du second lict18 sera epouse tantost du Roy et tantost de M. le duc d'Anjou, et les politiques disent qu'elle ne // [f0 2r] sera ni pour l ' un, ni pour l' autre. Mademoiselle a maintenant des pensées pour le prince de Portugal19 et, 15 Il s'agit, à notre connaissance, d'une information inédite que donne Bailly, car aucun des mémoires ou des journaux de l 'époque ne fait mention de ce combat. 16 «On dit proverbialment que deux hommes sont billes pareilles ou qu'ils sont sortis d' une affaire billes pareilles quand ils n'ont point remporté d'avantage l'un sur l'autre». Antoine FURETIÈRE, op. cit., t. I, p. 1 53. 17 Il s' agit d' É lisabeth-Marguerite d'Orléans, deuxième fille de second lit de Gaston. Cf. doss. 222, note 19. 18 Marguerite-Louise, mademoiselle d'Orléans, première fille de second lit de Gaston. 19 Alphonse VI ( 1 643- 1 683), fils aîné du roi du Portugal Juan IV et de Louise-Françoise Guzman. À la mort de son père en 1 656 il devint roi, sous la tutelle de sa mère. En 1666 il épousa Marie-Françoise-Isabelle de Savoie, fille puinée de Charles Amédé de Savoie, duc de Nemours, et d' É lisabeth de Vendôme mais le maraige fut déclaré nul en 1 668. À cause de son manque de capacité, le gouvernement de ses É tats lui fut ôté et il passa à son frère Pierre. Cf. Enciclopedia universal ilustrada europeo-americana, Bilbao-Madrid-Barcelona, Espasa-Calpe, S.A., 1 920- 1970, 70 vol., tome IV, 1 926, p. 273.