La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 232 2 1 1 Le duc de Vandôme, comme tout le monde est d'accord, naquit de Madame Gabrielle, durant la v ie de M. de Liancour14, son mari et de la reyne Margueritei5 que le roy Henri IV n ' avoit pas encore repudiée; et quoiqu' on presuppose que le Roy, voiant alors Madame Gabrielle, fut le veritable pere du duc de Vandome, neantmoins ce Duc, estant nai en double adultere, et du costé du Roy, et du costé de Madame Gabriele, sa mere, il devroit estre exclu et privé de l 'heritage de sa mere, les loix ne permettant pas aux enfants nais en adultere de succeder à leurs pere et mere. Et c'est ce que pretand M. d'Elbeuf et, par un raisonement opposé, il pretend que sa femme est l' unique et legitime heritiere de Madame Gabriele, pour estre naie d'elle et du feu roy Henri, aprés la dissolution du mariage de M. Liancour et de la ditte Gabriele, et de celuy du Roy avec la reyne Marguerite. Voila le differend, et qui obligea M. de Mercoeur de faire apeller par son ecuier le duc d' Elbeuf, son oncle, et ensemblement ses enfans, ne croiant pas pouvoir terminer une si epineuse et considerable affaire que par la mort et l'entiere destruction de l ' une des deux familles; et c'est pour ce sujet qu' il prit, pour ses seconds, son frere et son beau frere. Neantmoins, aiant esté empeschés d'en venir à l'execution16, la Reyne a leur parolle qu'ils ne se // [f' 3r] diront mot jusques à lundi prochein. Et, cepandant, on leur a donné des advocats pour instruire M. le Chancelier des raisons des parties, afin qu' aprés son raport au Conseil d'en Hault, on les accommode par authorité souveraine, les Parlements ne pouvant pas juger les affaires de cette consequence, où il s ' agit de la tranquilité du Royaume. 14 Nicolas d'Amerval, seigneur de Liancourt ( 1 588-?). Gentilhomme de la chambre en 1 592, la même année il épousa Gabrielle d'Estrée. Les époux vécurent ensemble quelques mois puis Gabrielle le quitta, en le déclarant impuissant, en décembre 1 592. Quand Gabrielle demanda le divorce à l'official d'Amiens (27 août 1 593), ne voulant pas que l'enfant qu'il attendait s'appelât d'Amerval, elle gagna le procès. Le divorce fut prononcé le 24 décembre 1 594. Cf. DBF, cit. , t. II, 1 936, col. 635 . 15 Marguerite de France, reine de Navarre, reine de France, comtesse de l'Agenais, duchesse de Valois, femme d' Henri IV. Cf. Jeanine GARRISSON, Marguerite de Valois, Paris, Fayard, 1 994; É liane VIENNOT, Marguerite de Valois, histoire d'unefemme, histoire d'un m y th è, Paris, Payot, 1 993. Le texte de l'arrêt de la dissolution du mariage fut imprimé en 1 65 1 ( BNF, Fm 32226). 1 6 À ce sujet cf. Jean VALLIER, (op. cit. , t. Il, pp. 348-349), qui précise: «cette tentative de duel échoua, le maréchal de Schônberg ayant été envoyé pour s'y opposer et y ayant réussi».

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