La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
2 1 6 Correspondance d'A. Bailly - 1 651 Parlant, ces jours passés, à M. le Chancelier et luy faisant voir la lettre que V.A.R. m'a escritte pour luy, il me commanda de l ' en remercier; mais je luy dois dire qu' il m' insinua qu'il seroit ravi de voir une lettre qui fût pour luy, directement, en aiant receu de conjouissance, pour son retour, de toute la terre8• / [f' 2v] On attendait de grandes depositions contre le cardinal Mazarin et il ne s 'est rien trouvé. La Reyne commence à desesperer du mariage de l' infante d'Espagne avec le Roy et elle luy a dit franchement, ces jours passés, qu'il n'y falloit plus penser9; mais moi, Madame, j 'espere de la bonté de V.A.R. que, selon sa bonne coutume, elle me fera, s ' il luy plaist, la grace de m'envoier des suaires un peu beaux, pour les distribuer, avec mes profusions ordinaires, à une infinité de devotes, qui commencent à faire conoistre cette relique à Paris, où elle estoit presque inconue10• «Madame, quelque passion que j 'eusse de rendre mes devoirs à Vostre Altesse Royaile, depuis ma nomination à l'evesché de Glandeves, dont une grande partie releve des Estats de Vostre Altesse Royalle, je n'eusse ozé prendre cette liberté, Madame, si deux des plus passionnés serviteurs de V.A.R. et de mes meilleurs amis ne n'en avaient donné la hardiesse. Ils m'ont asuré tous deux, Madame, / [F 1 v] que VAR recevrait favorablement mes voeux et mes soumissions. Il est vray, Madame, que tous les français les doivent à vostre royalle naissance et tous les hommes à vos merites extraordinaires mais il me semble, Madame, qu'il y a peu de personnes au monde qui en soient mieux persuadez que moy et qu'ainsy il n'y en peut avoir qui vous les doive avec plus dejustice ny qui vous les rende avec plus de syncerité. La Providence divine en me comblant de bienfaits par les mains de nostre incomparable Reyne, me sousmet à V.A.R. par de trés Iegitimes devoirs sans doute, Madame, affin que je sois dans la bienheureuse dependance des deux plus grandes reynes du monde. C'est à dire, Madame, le plus heureux evesque de l'Eglize quand V.A.R. m'aura permis de prendre la qualité, Madame, de vostre trés humble et trés obeissant serviteur, F. Faure, nommé par Sa Majesté à l'evesché de Glandeves». 8 Le registre des lettres écrites par la duchesse de Savoie en 165 1 (AST, Corte, Lettere Ministri-Francia, liasse 54) ne contient aucune lettre adressée à Seguier. 9 En réalité la reine réussit à réaliser son projet de marier son fils avec Marie-Thérèse. Le mariage eut lieu à Saint-Jean de Luz en 1 660. 10 Le Saint Suaire, appartenant à la Maison de Savoie, conservé d'abord à Chambéry, avait été transféré à Turin en 1 578. Des peintres avaient été chargés de reproduire l'image du Christ et ces copies étaient exposées en public ou envoyées hors du Piémont car la dévotion pour cette rétique était très répandue. Cf. Giovanni DONNA D'OLDENICO, Da Chambéry a Torino, dans Torino e la Sindone, a cura di Carlo MORIONDO e Daniela PIAZZA, Torino, Alfeda, 1 978, pp. 7 1 -99.
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