La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

20 Correspondance d'A. Bailly - 1651 Le lendemain de sa majorité, le roi confirma les promesses faites par sa mère: il rappela Châteauneuf comme ministre, La Vieuville fut nommé surintendant et Chavigny fut disgracié. Condé, de plus en plus isolé, se j etta dans la guerre civile. Ce fut une décision lourde de conséquences si, comme le dit Kossmann, «le seul moment vraiment tragique dans la série de troubles qu 'on appelle la Frondefut peut-être celui où Condé prit la résolution defaire la guerre civile à laquelle on l 'avait provoqué»56• Le 22 septembre Condé arriva à Bordeaux, favorablement accueilli par la population et, pendant quelques semaines, il remporta des succès militaires à Saintes, Taillebourg et Tonnay-Charente. Il menaçaAngoulême, son séide, La Rochefoucauld, mit le siège devant Cognac et le gouverneur de La Rochelle se déclara pour lui. Mais, dès le 27 septembre, la cour partit pour le Berry, rejoignit Bourges le 8 octobre et Poitiers le 30. La contre-offensive des troupes royales, renforcées par les hommes du comte d'Harcourt venus de Picardie et surtout par ceux du duc de Bouillon et de son frère, le maréchal de Turenne, maintenant définitivement rallié à la couronne57, se préparait. Le traité que Condé conclut le 6 novembre avec l 'Espagne ne lui apporta pas le soutien nécessaire et le 1 5 novembre le siège de Cognac fut levé, le 28 La Rochelle fut délivrée, le 4 décembre Condé fut battu près de Tonnay­ Charente. À la fin de 1 65 1 Condé ne tenait donc plus que Bordeaux et Montrond, tandis que la reine envoya le maréchal d'Hocquincourt, avec 7000 hommes, au devant de Mazarin qui rentrait en France et allait rejoindre la cour à Poitiers fin j anvier 1 652, nonobstant un arrêt du Parlement, daté du 29 décembre, qui l ' accusait comme perturbateur du repos public et promettait 1 50.000 livres de récompense pour sa capture. Les combats reprirent en 1 652. Condé décida de quitter le sud-ouest et de regagner la capitale mais Turenne, à la tête des troupes royales, lui barra la 56 Ernst H. KOSSMANN, w Fronde, Leiden, Universitaire Pers, 1 954, p. 202. 57 Sur le rapprochement de Turenne, qui avait commandé les troupes espagnoles battues par les Français à Rethel, à la cour cf. doss. 222, note 22.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=