La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 235 223 Enfin, elle m' a apris, pour le comble et le couronement de mes satisfactions, que les promesses de VA.R. sont inviolables et que, pour agir non seulement selon les loix divines, mais mesme selon les regles de la plus fine politique, il ne faut'dépendre queb de ses maistres, les bien servir et les laisser faire, tost ou tard et, quand on y pense le moins, ils nous versent, à l' exemple de Dieu, des graces efficaces et victorieuses. Je m' irrite, Madame, contre ma sterilité et certainement j ' ay un deplaisir extreme de ne pouvoir mettre sur ce papier, assés eloquemment, le reste // [f0 2r] de mes reflexions, et sur tout les tendres et infinis ressentiments que j ' ay de son immense faveur. Mais, Madame, ma misere m' afflige encore bien davantage, et c'est, peut estre, cette importune indigence qui me rend peu disert. Ce seroit toute ma passion, Madame, de faire quelque paiement à V.A.R. et qui pût, en quelque façon, répondre à la grandeur de son bienfait, et je ne puis, non, je n ' ai pas un sang assés pretieux, ni une vie assés considerable pour prendre la hardiesse de les luy offrir et faire servir ce sacrifice à la decharge dec mes debtes. J' ay bien, Madame, un coeur de roy, mais ma persone est ville et cette dure necessité de ne pouvoir satisfaire à mon debvoir que par des desirs vains et I [f0 2v] inutiles, bien que grands et genereux, me desesper\er/oit sans doubte, si l a bonté de V . A.R., estant tousjours égale à soi mesme, aprés m' avoir fait une faveur, laquelle elle prevoioit bien que je ne pouvois reconoistre avec tout le fond de mes gratitudes, ne me faisait croire qu' elle se contentera, s ' il luy plaist, de mes souhaits et n' attendra sa recompense que de Dieu qui, seul, peut la luy donner. Je l' en supplierei, Madame, toute ma vie, et qu' il daigne aimer et fortifier de ses graces le voeu que je fai s de ne commettre j amais aucune faute volontaire dans vostre service et d' estre entierement et respectueusement, comme je dois, Madame, de V.A.R. , le tres humble, tres obeissant et tres obligé sujet, D. A. Bailly. De Paris, ce 1 6 juin 1 65 1 . •+que+ b que sur ? 0+?+

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=