La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
228 Correspondance d'A. Bailly - 1651 Leg prince de Condé n ' a point esté au Palais Royal depuis la maladie de M. le duc d'Orleans, ne s'y croiant pas asseuré hors de sa compagnie et de sa protection. En un mot, chacun l' abandoneh10• On parle de la reconciliation de Madame la duchesse de Longue-Ville avec M. le Duc, son mari, et de quelque resolution qu' elle doit avoir prise de se retirer auprés de luy. Mais on ne la voit point partir encore1 1 • On avoit fait courir l e bruit que c e Duc avait promis retraite au cardinal Masarin dans son gouvernement, mais il le nie hautement, depuis quelques jours12• Le Parlement ne sçauroit plus resister aux charmes des caresses de la Reyne. Il se laisse veincre et il est certain qu'on commence d ' y fronder pour elle et de defronder pour les Princes, qui luy ont donné de la jalousie, aussi bien qu' à la Regente. Pour des marques de son relaschement envers eux, il y a // [f'° 2r] deux jours que, M. le duc d'Orleans aiant envoié M. le duc de Beaufort au Parlement pour l ' excuser de ce qu' il n ' y allait point, estant au lict, accablé de gouttes, que neantmoins S .A.R. ferait un effort, si le Parlement j ugeoit que sa presence luy fût necessaire, M. le Premier President, qui est tout à la Reyne, repondit que le Parlement remerciait Monsieur et le dispensoit volontiers de la peine qu' il offroit de vouloir prendre et, qu ' au reste, le Parlement sçauroit bien le prier de venir prendre sa place, quand il auroit besoin de ses conseils et de son authorité. 10 Dubuisson-Aubenay (cit. , t. II, p. 78) avance des hypothèses sur l'absence des princes du conseil: «Les Princes ne vont plus au conseil depuis quelques jours, ce qui donne sujet à plusieurs gens de gloser les uns qu'ils appréhendent d'être arrêtés, les autres qu'ils font la grimace à cause du retour prochain du cardinal Mazarin duquel néanmoins ils sont consentans». Le même Dubuisson-Aubenay (cit. , t. II, p. 78) à la date du 2 1 juin informe que le duc d'Orléans était «au lit depuis quelques jours pour goutte et hémorroïdes». 1 1 Sur les problèmes existant entre la duchesse de Longueville et son mari cf. doss. 230, ilote 1 8. Le 28 juin elle fut conduite par Condé à Trie, chez son mari, pour apaiser les bruits touchant sa conduite. Cf. DUBUISSON-AUBENAY, cit., t. II, p. 79. 12 Le gouvernement du duc de Longueville était la Normandie.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=