La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 236 229 Le lendemain le duc de Beaufort tomba malade d' une grosse fiebvre13• Madame la duchesse de Chevreuse n' est pas encore tout à fait bien dans l 'esprit de la Reyne; mais V.A.R. doit tenir pour indubitable qu'elle y sera, bien tost, mieux que j amais, car, Madame, il n ' y a rien de plus doux, à une ; persane blessée, que d'en sçavoir d' autres frappées du mesme mal14• Toutes deux concourent à1 la mesme fin. Et il y en a deux, / [f' 2v] plustost 1 qu ' une. Là premiere d ' abaisser M. le Prince. Toutes deux le veulent. La seconde de faire revenir le Cardinal, et toutes le veulent aussi; l' une par une veritable et tres libre volonté et 1' autre par une volonté contreinte, qui cherche la vengeance et abonde en mille inventions pour se satisfaire. C'est ce qui fait dire aux plus clairs-voians que cette Duchesse se contentera quoi qu' il arrive, soit en poussant à bout M. le Prince par ses adresses, où elle excelle, et qui sont maintenant puissament aidées et soutenues par le Parlement et par tous les enernis de ce Prince, qui sont en grand nombre; soit en l ' obligeant de renouer l e traité, et de consentir, de bone foy, au mariage du prince de Conti avec sa fille15• J'ay dit plusieurs choses importantes, sur ce sujet, à M. le baron de Sainte Fricque qui en entretiendra V.A.R. en peu de jours; au moins, il a presque achevé ses adieux et n ' attend plus que le portrait de Madame la duchesse d'Orleans, pour partir16• // [f° 3r] Sur l' article du retour du Cardinal, c ' est maintenant l' exercice de tous les astrologues et de tous les politiques. Les uns sont pour et les autres sont contre. M. le baron de Sainte Fricque gagerait tout son equipage que cette Eminence reviendra et gouvernera plus absolument que j amais. 13 La maladie de Beaufort est attestée par Jean VALLIER, op. cit. , t. II, p. 369 et par DUBUISSON-AUBENAY, cit. , t. II, pp. 77-78. 14 Sur le rapprochement de la duchesse de Chevreuse avec la reine cf. doss. 234, note 5. 15 L'allusion se réfère au traité du 30 janvier. Cf. doss. 2 17, note 44. 16 Sainte Frique fut chargé de porter avec lui au Piémont des portraits du duc d'Orléans et de la Grande Mademoiselle. Il écrivait dans une lettre de juin 1 65 1 : «Je fais commancer àujourd'hui au portait de Mademoiselle, celuy de Monsieur est achevé» et encore, dans une lettre du 23 jnin: «le desir que j'ay de retourner au Piedmont est sy grand que je doubte de pouvoir attendre que ce portrait soit achevé». Cf. Giselda BERTOT, op. cit., pp. 1 1 1 et 1 14.

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