La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
233 D me dit cent raisons de la disette de l ' argent\ qui seroient trop longues à escrire et que, tost ou tard, // [f° 2r] V.A.R. auroit sujet de se louer de la France. D me dit aussi qu' il attendoit M. le Prince et qu' il se preparoit à le bien entretenir. V.A.R. doit bien croire que ce devoit estre un entretien utile à cette Altesse et au bien du Royaume, car il est vray que ce Ministre ne travaille qu' au retablissement de l' autorité royale; et je puis dire, avec verité, que je n' ay encore point veu, ni conu, d'homme plus zelé, plus sincere, ni meilleur que luy. J'ay escrit quelques nouvelles à M . Sansoz, à la fidelité duquel je me fie entierement, sur la caution de V.A.R., car elle m' en a repondu. / [fO 2v] En voici une curieuse. Un chanoine de la Sainte Chappelle, nostre voisin et bon ami, qui de petit musicien estoit parvenu à cette prebende, mourut, devant hier, entre les mains du chirurgien qui le tailloiP. On luy a trouvé, dans le fond de sa cave, trois cent et vingt mille livres en louis d'or, outre une grande quantité d' argent monoié. Il a donné dix mille escus aux Incurables4, fait des legs pour m/36 escus et l 'Hotel Dieu a esté son heritier universel. 2 Bailly souligne la difficulté financière de la France pour justifier le retard dans la concession du prêt demandé par la duchesse de Savoie (cf. doss. 228, note 17). Une remarque de Vallier (op. cit. , t. TI, p. 336) donne un aperçu de la situation: «Le mauvais ménage avoit été si grand dans les finances du Roi et ses revenus ordinaires si diminués par le soulèvement et la désobbeissance des peuples, que !'Epargne étoit sans argent». 3 Il s'agit d'Eustache Picot ( 1 575-1 65 1 ), originaire d'Evreux, maître de musique des enfants de la cathédrale d'Evreux de 1 60 1 à 1 604. En 1 620 il fut reçu chanoine de la Sainte Chapelle comme maître de la musique du roi. En 1 638 il fut nommé compositeur de la musique de la Chapelle et plus tard conseiller et aumônier du roi. Ses charges et bénéfices lui apportèrent de très forts revenus. Il mourut le 26 juin 1 65 1 (cf. Gazette du 1er juillet, p. 67 1 -672). Son testament, daté du 17 mai 1 65 1 , confirme qu'il laissa la plupart de ses biens à l' Hôtel Dieu de Paris et à !'Hôpital des Incurables, situé au faubourg Saint Germain. Les opérations de l'inventaire des biens, commencées le 30 juin, portèrent, entre autre, sur le contenu de neuf sacs d'argent monnoyé. Cf. Michel BRENET, Les musiciens de la Sainte-Chapelle du Palais, Paris, Picard, 1 9 1 0, (réimpression Genève, Minkoff Reprints, 1973), pp. 337-347. 4 L'Hôtel Dieu était Je premier et le plus considérable hôpital de Paris. Il comptait 1 200 lits et les malades étaient servis pardes religieuses de l'ordre de Saint-Augustin. Cf. HURTAUT et MAGNY, op. cit., t. ITI, pp. 2 1 6-22 1 .
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