La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

236 Correspondance d'A. Bailly - 1651 Dimanche passé Monsieur le prieur Oger2, un des plus insignes predicateurs de France et ancien confident de feu Monsieur Davau3 plenipotentiaire, rencherit infiniment, en l ' eglise de Saint-Jean en Greve'4, sur cet autre predicateur5• Entre plusieurs remarques qu' il fit sur / [f0 l v] les mauvais effets qu' avoit produit le ministere du cardinal Masarin, il dit que luy seul avoit empesché la pai x et qu ' il enb avoit esté temoin oculaire et que partant il falloit empescher son retour. Il n' est pas vray que la Reyne ait fait faire des casaques pour ce Cardinal. Il y a eü meprise. On a envoié des hardes6 à cette Eminence, et fort vieilles. On m' a asseuré qu' elles ne valaient pas dix mille francs et on a dit que c'estoit des casaques1. Cardinal Mazarin, éditée, présentée et annotée par Kathryn WILLIS WOLFE et Phillip J. WOLFE, Biblio 17, n° 64, Papers on French Seventeenth Century Literature, Paris, Seattle, Tübingen, 199 1 , p. 35. 2 François Ogier ( 1 598-1670), fils de Pierre Ogier et de Marie Dolet. En 1 623 il possédait le prieuré de Cheneil. Aumônier du comte d'Avaux, en 1 648 il l'avait suivi au congrès de Westphalie. Passionné par l ' érudition, il fut un prédicateur réputé et les puristes lui attribuèrent un rôle d'initiateur dans la réforme de l 'éloquence sacrée. Cf. Hippolyte RAYNEVAL, Notices généalogiques sur lafamille Ogier, dans «Revue historique de la noblesse», t. III, 1 843, pp. 400-407. 3 Claude de Mesme, comte d'Avaux (1595-1 650). Fils d'un conseiller d' État, il fut lui-même maître des requêtes et conseiller d' État en 1 623. li se distingua surtout comme diplomate à Rome ( 1 632), Mantoue, Florence, Turin (1 633-1634), au Danemark, en Suède, en Pologne et en Allemagne. Revenu en France il fut nommé en 1 643 surintendant des finances et, lors des négociations du traité de Westphalie, il fut envoyé comme plénipotentiaire à Münster, où il fut accompagné par son aumônier, le père Ogier. À cause de quelques contrastes avec Abel Servient il fut rappelé en France et il reprit ses fonctions de surintendant. Il démissiona peu de temps avant sa mort. Il prit part aux querelles de Balzac et aux controverses sur le théâtre. Cf. DBF, cit. , t. IV, 1 948, col. 832-837. 4 L'église de Saint Jean de Grève était située entre la rue de Labau et la façade orientale de l 'Hôte1 de Ville. Érigée en paroisse en 1 2 1 2, au XVJème siècle elle n'était qu'une chapelle servant de baptistère à l'église de Saint-Gervais. Cf. Jacques HILLAIRET, op. cit., t. Il, p. 50. 5 TI s'agit de CésarAuguste Margotin, prédicateur ordinaire du roi. Il fit imprimer plusieurs sermons dont le plus célèbre, intitulé Legrandmystère des chrétiens, fut publié en 1 662. Cf. Auguste-Joseph BERNARD, Biographie et bibliographieforéziennes, dans Histoire du Forez, Montbrison, 1 835, (réimpression Marseille, Laffitte Reprints, 1 979), 2 vol., t. II., p. 42. 6 «Hardes: les habits et les meubles portatifs qui servent à vestir ou à parer une personne ou sa chambre». Antoine FURETIÈ RE, op. cit., t. I, p. 709. 7 Cette nouvelle est confirmée par le ms. fr. 25025, fD 436v: «Le mesme jour on fit partir d'icy cent casaques qui avaient esté fait en cette ville pour cent gardes du Cardinal escarlates bordées . . . et l'on voyait son chiffre».

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