La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
238 Correspondance d'A. Bailly - 1651 Il y a trois jours que M. le Prince fût renfermé avec M. le duc d' Orleans dans son cabinet, et tous seuls, depuis sept heures du mattin, jusques à midi. Et l' aprés disner Madame de Chevreuse fût trois grosses heures en conference avec S.A.R. dans le mesme cabinet. CetteAltesse aiant apris qu' on informait contre le predicateur, / [f' 2v] qui avait comparé le Cardinal au cheval de Troie, envoia deffendre à l' official de continuer les informations et, aiant mandé le predicateur, il luy fit declamer les eloges de ce Cardinal, qu' il entendit devant toute sa Cour, avec des satisfactions et des raielleries étranges, repetant à tout propos: Ad hue jacens.prodigium fuit'. M. Le Prince voulut, le lendemain, avoir la mesme recreation, devant le duc de la Rochefocault, M. le president Vialle, M. le marquis de Fontrailles1 2 et une infinité de frondeurs et, lorsque le predicateur disait quelque beau trait du Cardinal, cette Altesse faisait une pirouette et disait, parlant du Cardinal: «Ah, le coquin» et un mot encore plus outrageux que je n ' oserais escrire. 11 prit, au mesme temps, ce predicateur sous sa protection. Mecredy au soir, environ minuict, Ericour13, gentil homme de Madame de Chatillon14, estant allé advertir M. le Prince que quelques compagnies de 12 Louis d'Astarac, marquis de Marestang, vicomte de Fontrailles (?- 1 678). Il fut sénechal et gouverneur d' Armagnac à Auch. En 1 642, accusé de conspiration avec l'Espagne, il s'enfuit en Angleterre. Revenu en France il entra dans la Cabale des Importants et, en 1 648, il participa aux Journées des Barricades. En 1 650, après l' arrestation des princes, le Parlement l'exila de Paris et il dut finir ses jours en Agenais. Cf. DBF, cil., t. XIV, 1 979, col. 379-38 1 . 13 Nous n'avons pu retrouver aucun renseignement sur ce personnage. Il pourrait s'agir du même Héricourt dont il est question dans une biographie du duc de Beaufort qui le cite comme son séide et lieutenat de ses gardes, «le plus adroit homme de France pour tirer un coup de pistolet et assassiner un homme». Cf. Isabelle de BROGLIE, op. cit. , p. 1 98. 14 Isabelle Angelique de Montmorency, duchesse de Châtillon ( 1 626- 1 695), fille du comte Bouteville-Montmorency. Elle épousa en 1 645 Gaspard de Coligny, duc de Châtillon, tué au combat de Charenton en 1 649. En 1 664 elle épousa le duc de Mecklembourg Schwerin. Son amour pour le duc de Nemours alluma la rivalité avec la duchesse de Longueville. Quand Condé fut libéré elle devint sa maîtresse et elle l'engagea dans la guerre civile en le faisant partir pour Bordeaux. Cf. DBF, t. VID, 1 959, col. 8 1 0-8 1 3 ; Paul FROMAGEOT, Isabelle de Montmorency duchesse de Châtillon et de Mecklembourg, Paris, É mile-Paul frères éditeurs, 1 9 1 3; Louis MOR É RI, op. cit. , t.VID, p. 8 1 0b.
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