La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Introduction 23 d'adresser des conseils au duc en le sollicitant de prendre son cousin comme modèle à suivre64• Très attaché à sa terre natale, notre barnabite assimile · les circonstances difficiles que doit affronter la France avec celles dans laquelle s'était retrouvé le duché de Savoie lors de la guerre civile des années 1 638 - 1 64065• Il écrit à Marie-Christine: «Madame, les epines de vostre Regence ont esté des roses si on les compare aux supplices de nostre Regente»66 ou encore: «Que V.A.R. est heureuse [ . . . } en comparaison de ce q ueje vois ici»67• Le domaine dans lequel il déploie tout son savoir-faire de médiateur est c . elui des mariages. Il s'engage dans des pourparlers, il cherche à favoriser les contacts en jouant tous ses atouts, il formule des avis très clairs pour orienter les décisions de la duchesse. À Paris et à Turin la préoccupation pour les deux régentes est la même: trouver pour les jeunes souverains des épouses à leur hauteur. Les négociations matrimoniales ne sont pas entravées par la tourmente de la Fronde; au contraire elles constituent souvent le moyen de nouer des alliances politiquement utiles. Marie�Christine souhaite pour son fils une épouse de grand prestige, de préférence une princesse française. Au sommet de la liste se trouve bien sûr Anne-Marie-Louise d'Orléans duchesse de Montpensier, la célèbre Grande Mademoiselle, héritière de la première fortune de France. En 1 65 1 Bailly fait état d' une liaison possible entre elle et le duc de Savoie, rapporte les bruits qui courent à Paris sur ce sujet et les ambitions de Gaston d'Orléans, le père de la Grande Mademoiselle: Le grand ami de Madame de Chevreuse68 [ . . .] me dit que M. le duc d'Orleans s'estoit ouvert à luy entierement de la passion qu' il avoit que Mademoiselle epousat S.A.R. Monseigneur, qu' outre qu' il auroit grande joye d'avoir ce nepveu pour gendre, il y avoit encore cette grande et importante commodité pour luy que les terres de sa fil l e , qui sont la Dombe et le Beaujaulois, estant 64Il écrit: «Quandj 'ecris à V.A. que le Roy honore beaucoup sa mère et étudie bien, c 'est en partie afin que S.A. prene de là exemple defaire le mesme» (doss. 2 1 4/B, f' l r). · 65 A la mort du duc Victor-Amédée 1er, les deux beaux-frères de la duchesse, le prince Thomas. et le cardinal Maurice, s'opposèrent à la nomination de celle-ci comme régente. i(Jne guerre civile éclata donc au Piémont. Les «principistes» s'allièrent avec les Espagnols alors que les «madarnistes» cherchèrent un appui du côté de la France. Sur cet affrontement cf. Gaudenzio CLARETTA, Storia della reggenza.... cit., Torino, Civelli, 1 868-1 869, 3 vol., t. 1, . pp. 2 1 1 -396. 65 La Correspondance d'A lbert Bailly, cit., vol. 1, lettre 79, f' 1 v. 67 doss. 2 1 5/B, f' 4v. · 6$ 1 1 s'agit de Geoffrey de Laigue.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=