La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

248 Correspondance d'A. Bailly - 1651 Comme il luy dit la joye et la satisfaction que V.A.R. avoit receu de la naissance de M. le duc de Valois 12, elle se mit à elever et à exagerer vos bontés, adjoutant: «Le riche present qu'elle fit au baron de Sainte Fricque a bien fait conoistre à M. le duc d'Orleans et à moi combien cette naissance luy avoit esté agreable1 et nous luy en sommes infiniment obligés». Leg baron de Sainte Fricque a esté arreté par Monsieur, lorsqu'il estoit prest à partir. Il vient pourtant de m'envoier le p01trait de S .A.R., car c'est ceans que tous les tableaux qu'il a ordre de porter à V.AR. doivent estre roulés et embalés13• Madame se fait tirer en charité, aiant M. le duc de Valois sur ses genoux tout étendu et ses trois filles à l' entour d' elle. Elle se fait peindre ainsi, dit-elle, afin que la mode des habits venant à changer avec le temps, son image neh \fut trouvée/ ridicule. / [f0 2v] M. le president de Versigni14 m' a dit qu'estant present quand on la tiroit, il luy dit que le peintre, tout excellent qu'il fût, n' estoit pas assés adroit pour la peindre; et comme elle luy en demanda la raison, il luy repondit: «C' est, Madame, que vous estes tres blanche et le peintre vous peint en egiptienne». Tant y a, Madame, que cette peinture sera miraculeuse. Lorsque le baron de Sainte Fricque fit la reverence au Roy et à la Reyne et prit congé de Leurs Magestés, elles le chargerent de bien asseurer V.A.R. et Monseigneur de tout le fond de leurs affections. La Reyne adjouta: «Dites bien à ma soeur que je suis tout à elle et que j ' ay beaucoup de douleur de n' avoir pû encore, dans ces funestes conjonctures d' affaires, luy donner le contentement qu' elle desire» 15• par ordre du roi. Il avait épousé le 30 juillet 1646 Louise de Compans-Becquet. Cf. DBF, cit., t. III, 1 939, col. 359; DN, cit., t. I, col. 672-673. 12 Jean Gaston d'Orléans, duc de Valois, quatrième enfant du second lit de Gaston. Il était né à la fin de 1 650. 13 Sainte Frique partit fin juin. Sur les portraits qu'il devait amener au Piémont cf. doss. 236, note 1 6. 14 Christophe de Marle, seigneur de Versigny, (?- 1 658) procureur général de la Cour des Aides, président de la Chambre des Comptes. Cf. Louis MORÉRl, op. cit. , t. VII, p. 263; DN, cit. , t. X, col. 499-500. 15 L'allusion se réfère à l'aide financière que la duchesse de Savoie demandait à la France. Cf. doss. 228, note 17.