La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 240 25 1 Madame de Chavigni prit la peine de me venir voir, mecredy passé et, sur la fin de notre conference, estant tombés sur le discours de V.A.R., elle en dit mille louanges. Elle me parla des cristaux que vous luy avés envoié, de l'honeur qu'elle a eu d' estre comme elevée auprés d' elle et" de vostre riche ecarboucle3, que vous daignates bien faire voir à M. de Chavigni, son mari, et" non pas à feu M. le Cardinal, de creinte que vostre generosité ne se trouvat tentée de le Luy offrir. Elle adjouta que j ' asseurasse bien V.A.R. que M. de Chavigni estoit vostre partial et que, s'il pouvoit remonter où il s ' est veu élevé, il vous rendrait ses tres humbles services utilement, et que c ' estoit sa passion4• Je luy promis de la voir ches elle, demain, aprés son disner, et elle me promit aussi de me faire avoir une audiance secrete de son mari. / [f0 1 v] Secret. La persone qui m' aime et qui sert V.A.R. auprés de la Reyne, dont vous sçavés le nom5, me dit hier mattin qu' entretenant Sa Magesté des sinceres intentions que V.A.R. a pour cette courone, et principalement de lamour que vous avés pour la persone de Sa Magesté, elle se mit à sourire, temoignant de n ' en estre pas tout à fait persuadée. Et dit ce mot. Neantmoins, et etouffant la suitte, elle s' arreta et s' imposa silence, sur quoi l ' ami luy repliqua: «Je vois bien, Madame qu' on a peut estre rendu de mauvais offices à Madame la duchesse de Savoie, auprés de Votre Magesté, mais ce sont des impostures, carje conois un homme d' honeur et tres sincere èt conu de Votre Magesté pour ses predications, qui m' a j uré que Madame Royale estoit votre partiale; qu' elle avoit, par ce seul mouvement, fermé l' oreille à bien de propositions, et, de plus, j ' ay veu, dans des lettres qu'elle 3 «Escarboucle: une pierre précieuse et fabuleuse». Antoine FURETI È RE, op. cit. , t. I, p. 524. 4 Chavigny pensait qu'après l'éloignement de Le Tellier et Lionne il jouerait le rôle principal au sein du Conseil mais lui-aussi il fut éloigné de la scène politique. Cf. Adolphe CHÉRUEL, Histoire de France pendant la minorité. . . , cit. , t. IV, pp. 377-378; Madame de MOTTEVILLE, op. cit. , pp. 403-404. 5 Il s' agit très probablement du chancelier Séguier, dont Bailly était le confident.

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