La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 241 257 On parle de mettre dans le Ministere, en la place des renvoiés9, Messieurs le Coadjuteur, Chateau-Neuf et le Premier President, mais tout cela est obscur. La Reyne dit qu'elle se veut servir de ses enemis, contre ses enemis. M. de Chavigni ne va plus au Palais Roial depuis qu' il a demandé son congé à la Reyne10• J 'envoierei, au premier jour, à M. le baron de Sainte Fricque, les portraits de Monsieur, de Madame et de Mademoiselle. Le second• <est miraculeux, de la main du fameux Naneré 1 1 • Il y a eu de la peine d' achever celui de Mademoiselle, car elle estoit devenue un peu maigre et elle disoit qu' elle ne voulait point paroistre en Piemont sans son embon-point12• Une belle lettre qu' elle a recëue de V.A.R. l ' a comblée de joye. Elle la fait voir à toute la terre>. // [f0 3r] La Reyne comptant, ces jours passés, tous les amis de M. le Prince, quelqu'un y mit M. le Chancelier. Elle repondit que cette amitié n' altereroit jamais l'invulnerable fidelité de ce Ministre, qu' il etoit à elle et qu'elle estait tres asseurée qu' i l ferait tous-jours ce qu'elle voudrait. Aiant apris cette bonté, par celui là mesme à qui on l ' avait ditte, je me crus obligé d'en advertir M. le Chancelier, qui fût ravi de joye d' aprendre cette bonne nouvelle. Il me repondit qu' il estait vray qu' il aimait beaucoup M. le Prince, mais qu' il aimait bien davantage les interests de la Courone que ceux du Prince et que, n ' aiant j amais esté d ' aucun parti que de celuy du Roy, son maistre, il ne changerait pas de maxime sur la fin de ses jours; qu' il estoit neantmoins vray qu' on avoit troppoussé Monsieur le Prince', 9 11 s'agit de Lionne, Le Tellier et Servient. lis furent remplacés par Châteauneuf et Molé. Cf. doss. 240, note 1 . 10 Sur la disgrace de Chavigny cf. doss. 240, note 4. 1 1 Nous n'avons pu retrouver aucune mention d'un peintre nommé Naneré. Nous formulons l'hypothèse qu'il s'agisse d'un des célèbres frères Le Nain, probablement le plus jeune, que Bailly aurait désigné par un sobriquet. Sur ces peintres cf. Jules-François Félix, dit CHAMPFLEURY, Essai sur la vie et l 'œuvre des lenain, peintres Laonnois, Laon, Fleury et Chevergny, 1 850. 12 Sur les portraits que Sainte Fricque porta au Piémont cf. doss. 236, note 1 6.

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