La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

24 Correspondance d'A. Bailly - 1651 comme attachées, au moins tres proches, de celles de Savoye, ce voisinage les fortifieroit tous deux et luy serviroit à luy mesme, dans une occasion de retraite et d'asile69• Toutefois, notre barnabite manifeste vite des réserves sur ce projet de mariage, en soulignant le tempérament altier de l' épouse prétendue: Cet ami [Laigue], donc, se faisant tant de feste auprés de moi, de cette nouvelle qu'il me donnoit, et qu'il croioit que j'escouterois comme un miracle de bonne fortune et un prodigieux advantage pour Monseigneur, s'etonna fort quand il me vit battre froid et luy repondre que, quoiqueje n'eusse aucune connoissance des choses de cette importance, ni des pensées de V.A.R., neantmoins à ce que j 'avois pû aprendre à Paris mesme, je ne pensois pas que Mademoiselle voulut de nostre Prince, aprés les discours assés desobligeants, qu' on m'avoit asseuré qu'elle en avoit tenus.[...] Madame, comme l'humeur de Mademoiselle n'est pas bien, si ceux qui m'en ont parlé ne me trompent, accomodante à une belle mere, et que d' ailleurs j 'avois assés de pouvoir sur 1' esprit de celuy qui m'en parloit, j e luy representei qu' il estoit expedient de ne pas se hâter; que j e pensois aller bientost en Piemont, que j 'en parlerois à V.A.R. e t qu'aprés // je luy rendroit réponce, d' ami à ami, et que j 'aurois grande joye qu'il eut tout l'honneur et tout l'advantage de cette negotiation70• Ne se limitant pas à raconter dans les détails la conversation qu'il a à propos de la question, il conclut sa lettre en glissant quelques conseils «diplomatiques» pour Madame Royale: «Je crûs d ' en devoir absolument eloigner la proposition jusques à ce que V.A.R. en fût advertie, me proposant et attendant un grand effet de ma conduitte, ou que V.A.R. agreeroit cette alliance, en quel cas je luy aurois conseillé de la presser, afin que Mademoiselle en eut toute l'obligation à V.A.R. ou qu' elle ne l ' agreeroit point, ce que je pensois et estimois le plus vraisemblable et alors, empeschant qu'on n'en parlat point, V.A.R. auroit son compte puisqu'il ne faut pas doubter que, si on en eut parlé et qu'on eut trouvé en V.A.R. de la repugnance à vouloir et à faire la chose, elle auroit desobligé toute la Maison Royale, et de plus ses enemis auroient pû, un jour, inspirer à 69 doss. 248/B, f' 4v. 70 ibidem, ff. 4v-5r.

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