La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Dossier 242 263 C ' est là le jeu et le bonheur de M. le Prince qui, n' estant pas aimé ni en credit dans le Royaume, de son chef, s'y fait considerer et suivre par la seule opinion qu' ont les peuples que la Reyne fait la derniere diligence pour r'avoir M. le Cardinal; et que M. le Prince, de son costé, fait le dernier effort pour empescher ce retour, auquel il ne consentira j amais et n ' y peut consentir pour sa seureté. Et c ' est ce que j ' escrivis à V.A.R., vers le temps de sa liberation, que la rupture du Prince et du Cardinal estoit sans retour. Ce fût aussi pour décrier entierement la Reyne, et pour gagner les bonnes volontés des peuples, qu' il presta finement l' oreille aux propositions qu' on luy fit, au commencement, de r' appeller le Cardinal. En quel cas, on luy promettait tout, car aprés qu 'il eut decouvert tout le rnistere, il le revela à Monsieur et luy fit conoistre sa fidelité, que tant de belles promesses / [f' 2v] n ' avaient pu corrompre. Cepandant, les Parlements et toute la plus saine partie de la France sceurent les desseins de l a Reyne et la fermeté du Prince à s ' y opposer, et ces conoissances ont esté favorables à l ' un et tres prejudiciables à l' autre. On creint qu' à la majorité la Reyne ne porte le Roy à r' appeller le Cardinal car, en ce cas là, certainement il s' allumerait dans les quatres coings• du Royaume un flambeau de divisions, qui l' embraserait. En un mot, Madame, tous seront pour la Reyne et pour le Roy, s ' ils abandonnent le Cardinal, et tous contre, s' ils continuent de le proteger. M. le duc de Guise ne vient point encore. Les Espagnols vont differant de le r' envoier jusques à la fin de la campagne, pour obliger M. le Prince, qui sçait bien qu' on l ' attend avec impatience, pour le luy opposer et pour en faire un chef de parti contre luy7• Madame la duchesse d'Orleans a eü de longues et secretes conferences avec la Reyne, ce qui a beaucoup alarmé Mademoiselle, qui creint que sa belle mere ne traite le mariage de son aisnée avec le Roy à son prejudice, car la 7 Le duc de Guise était prisonnier en Espagne. Cf. doss. 22 1 , note 9 et 233, note 1 .
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