La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
264 Correspondance d'A. Bailly - 1651 bonne Mademoiselle espere tous-jours cette alliance et, comme elle a deux cordes dans son arc, cette premiere [marge gauchef° 2v] apprehension est accompagnée d' une seconde, c ' est qu' on luy a dit que V.A.R. traitait aussi le mariage de S .A.R., Monseigneur, avec la Princesse de Modene8, âgée de 14 ans, et fort bien faite. La Reyne a donné une Abbaie de m/30 livres de rente au prince Eugene9• Il [marge gauchef° lv] M. le Prince vit, hier, Leurs Magestés. Il fût bien demi heure avec la Reyne, et assés inquiet. Le duc de Mantoue a gagné son procés contre ses tantes10• "+?+ 8 Isabelle d'Est ( 1 637- 1 666) qui épousa Ranuce II Farnese, duc de Parme. 9 Eugène Maurice, prince de Carignan ( 1 633-1 673), fils cadet du prince Thomas de Carignan. Il était investi de plusieurs abbayes dont celles de Santa Maria de Casanova, de San Benigno di Fruttaria et de Sainte-Marie de Talloire. En 1 656, à la mort de son frère, il abandonna l'habit ecclésiastique pour l'habit militaire et il acquit les possessions maternelles et le titre de comte de Soisson. En 1 657 il épousa Olympe Mancini, nièce du cardinal Mazarin. Après la paix des Pyrénées il se rendit à Londres en qualité d'ambassadeur. En 1 672 il participa à la guerre contre la Hollande et reçut le grade de lieutenant général. Cf. Ilio JORI, Eugenio di Savoia, Torino, Paravia, 1933. 10 Bailly se réfère au procès qui opposait le duc de Mantoue à ses tantes pour ce qui concernait les biens qui restaient de la jurassion du feu duc de Nevers. Le procès futjugé à la Grand-Chambre le 10 août (Cf. ms. fr. 25025, f' 454v). En réalité la question de la <<succession de Mantoue» était très compliquée et Mazarin profita de la situation pour se procurer de l'argent. En effet quand, en 1 645, la princesse Marie de Gonzague épousa le roi de Pologne ni elle ni sa famille ne possédaient suffisamment d' argent pour payer la dot convenue et le roi de France accorda à la princesse 900.000 livres sur sa part d'héritage et il s'engagea à faire payer le reste par les Gonzague dont les domaines français seraient hypothéqués à cet effet. Avec des expédients Mazarin se fit rembouser largement tout ce qui avait été prêté. Sur ce sujet cf. Claude Dulong (la Fortune. . . , cit. , p. 1 l6) qui explique: «C'est d'une certaine façon une affaire exemplaire que cette affaire de la succession de Mantoue, un répertoire, un festival de toutes les astuces, combinaisons, irrégularités généralement utilisés par Mazarin pour s' enrichir; mais elles apparaissent bien plus frappantes ici qu'ailleurs d'être rassemblées et concentrées comme pour une démonstration».
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