La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

272 Correspondance d 'A. Bailly - 1651 Magesté marquait qu' aiant eu les sentiments de M. le duc d'Orleans sur la justification pretendue (qu'elle n' avoit pu avoir plustost), elle en feroit part à la compagnie. Le Parlement y a deputé. Vous voiés ! ' importance de la chose, car M. le Prince ne peut pas assister à la ceremonie de la majorité du Roy qu'il ne soit j ustifié et declaré innocent des faits dont il est accusé. M. le duc D' Orleans est tous-jours à Limours, depuis qu' il rompit avec la Reyne sur le choix des persones qu' elle vouloit introduire dans le Conseil, à quoi S.A.R. s'opposa de toute sa force, disant que j amais il ne souffrirait dans le Conseil des ministres qui fussent suspects à M. le Prince; et, en suitte, il traita à mal de parolles M. de Chateau-Neuf, qu' il trouva chez la Reyne, disant qu'il l' empescheroit bien d' entrer au Conseil9• Neantmoins, M. le Prince creint tous-jours son esprit et qu' i l ne change à la majorité du Roy, et des-ja il consent, comme le bruit court, que les Estats se tiennent à Saint Denis en France, qui n'est qu' à une lieue de Paris10• La Reyne, d' autre costé, attend la majorité avec une extreme impatience, son Conseil luy persuadant que ce jour bien heureux sera le jour de sa crise et qui doit retablir son authorité. C' est pourquoy elle va dilaiant de répondre aux propositions des Princes, pretendant // [f" 1 v] les dissiper, par !' autorité du Roy, le jour de sa majorité. Ce jour donc arrivé, le Roy, assis dans son lict de j ustice, remerciera la Reyne du soin qu' elle a pris de son Royaume; la priera de continuer de luy donner ses bons conseils et declarera au Parlement qu'il veut gouverner ses 9 Gaston était parti pour Limours le 27 août. Dubuisson (cit. , t. II, p. 1 08) propose une explication de son éloignement un peu différente de celle de Bailly: «M. d'Orléans ayant eu le soir précédent brouillerie avec la Reine, qui ne lui veut pas accorder que les États Generaux se tiennent à Paris, s ' en est allé se divertir à Limours sur les neuf heures». 10 Bailly fait allusion à la peur que Condé avait d'être arrêté. Cf. DUBUISSON-AUBENAY, cit. , t. II, p. 1 07.

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