La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

276 Correspondance d'A. Bailly - 1651 aux autres de peur d' effraier la patience de V.A.R., si neantmoins elle le desire, je le luy envoierei aussitost. C' est une rare et curieuse piece. M. le Prince ne trouvant pas ses seuretés à Paris, s ' est retiré à Mourron, le plus fort chateau du Royaume4• Il est vray que la Reyne, temoignant de se repentir de n ' avoir pas donné à S.A.R. le temps qu' elle luy demandait pour faire l' accommodement de M. le Prince, luy a permis / [f° 1v ] de l e rapeler avec esperance de l e satisfaire. S .A.R. luy a depeché deux gentils-hommes, qui ne sont pas encore de retour5• Ce Prince s ' est arreté à Bourges. Son dessein est d' aller de Mourron à Bordeaux, d' envoier M. le prince de Conti en Provence (où Aix, Arles, et Marseille sont pour cette Altesse), M. de Nemours à Stenay et M. le duc de La Rochefocault en Poitou. On ne parle que de la guerre civile et" toutes les apparences y sont, que nous l' aurons, si la Reyne ne se laisse enfin persuader la necessité du veritable eloignement du Cardinal et de son esprit de son Conseil'. M. le duc d'Orleans fit, il y a quatre jours, un excelent et hardi discours au Roy, en la presence de la Reyne, par lequel il luy representa vigoureusement les desordres de son Estat, causés par l' avarice, l' insuffisance et incapacité du Cardinal6• Il dit que les armées se dissipaient, que les villes et les Provinces se perdoient, que tout menaçait une derniere ruine et que le Cardinal en estoit cause, que c' estoit le fleau de la France. 4 Le ms. fr. 25025, f0 476v, confirme que le I O septembre Condé alla à Mourron. 5 Dubuisson-Aubenay (cit., t. II, p. 1 17) à la date du 1 3 septembre remarque: «on dit que les princes sont à Limours avec M. d' Orléans mais cela est faux et le courrier que M. d'Orléans avait envoyé à Angerville vers M. le Prince pour l 'inviter à venir à Limours, ne l'y trouvant plus, l'a suivi et renvoyé à Son Altesse Royale l ' avis de tout». 6 Le récit de cet entretien entre le roi, la reine et le duc d'Orléans n'est contenu dans aucun des mémoires ou journaux de l'époque.

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