La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Dossier 245 277 Et parlant en suitte des alliés, il se mit à couroner de louanges la fidelité, la generosité et l'invincible attachement de V.A.R. à cette Courone, repetant plusieurs fois d' un ton elevé et noble: «Sire, nonobstant ces infinies marques d' amour et de zele que ma soeur a pour la persane de Vostre Magesté et pour la conservation de son Royaume, elle est abandonnée, on luy refuse des bagatelles. Les Espagnols, cepandant, envahissent et pillent les Estats // [f' 2r] de son fils, mon nepveu et cousin germain de Vostre Magesté, et on ne l' assiste point. Et pourtant, S ire, elle est vostre tante, ouy, elle est vostre tante. Pensés-y, Sire». Et achevant ces mots pretieux, il se leva du Conseil tout touché et s'en alla1• Monsieur Boilau8, premier valet de garderobbe de Monsieur, est dans ma chambre et me dit d' adjouter que, ce mattin, portant un habit \de/ demi campagne à S.A.R., il a entendu qu' elle entretenait M. le mareschal de la Motte Haudancour de V.A.R. et qu' elle luy en disoit mille biens à quoi ce Mareschal ne répondait pas mal, de son costé. Le sujet de leur discours a esté pris du marquis de la Vieu-Ville, Monsieur disant qu' il s' etonnoit comme, en un temps que tous les sages devaient fuir la sur-intendance, il se pouvoit rencontrer un marquis de la Vieu-Ville assés fou et ambitieux pour achepter à deniers contant, cette fatale charge9; que l' ordre de Savoye estoit bien plus seur et meilleur où ces charges se donnaient seulement aux plus habiles, et que sa soeur aiant fait une fois election des persanes qu' elle estime capables sans finance, elle ne les change point. Ce valet de garderobbe veut encore que je mette que Monsieur, changeant quelque fois de discours et y meslant mesme celuy de la chasse, revenait 7 Sur la situation des troupes espagnoles en Savoie cf. doss. 228, note 1 3. 8 Nous n ' avons trouvé aucune trace de ce valet de garderobe de Gaston. L' Estat de la France. . . , cit., ne le mentionne pas. Nous ne pensons pas qu'ils puisse s' agir d'Antoine Boileau, huissier ordinaire du cabinet de Madame Royale depuis son arrivée à Turin. AST, Sezione Corte, Camerale, art. 2 1 9 (Casa di Madama Serenissima), 6 ( 1 624 in 1625), 22 ( 1 648 in 1 649). 9 La Vieuville versa un pot de vin de 400.000 l ivres pour obtenir la surintendance des finances, qu'il eut le 9 septembre. Cf. Claude DULONG, Lafortune . . . , cit. , p. 34.
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