La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

26 Correspondance d'A. Bailly - 1651 emporter par l' enthousiasme et il doit rapidement avouer que le roi ne s' est j amais intéressé à elle. La rivale est encore une fois Marie-Thérèse: De ce discours nous passames à celuy des inclinations du Roy et [l' abbesse de Frontevaut] me dit franchement qu'il n'en avoit jamais eu pour la Princesse Adelaïde; qu'elle se trouva presente quand on luy fit voir le portrait de cette Princesse, que force dames, qui se trouverent presentes, comblerent de louanges («car», me dit-elle, «Madame Roiale avoit fait son parti à la Cour et y avoit bien des amies») mais le Roy n'en fit pas estime. «Peut estre», luy dis­ je, «On avoit subtilment prevenu le Roy et detourné ses volontés de nostre Princesse, pour les luy faire tourner du costé / d'Espagne74. Bref, il faut reconnaître que, si la politique matrimoniale menée par la duchesse Marie-Christine n'a pas abouti à des liaisons permettant de souder de manière définitive l' union entre la France et la Savoie75, cela ne peut être imputé à Bailly qui, de son côté, a mis en œuvre tous ses moyens pour y parvenir, sans toutefois alimenter de fausses illusions et exprimant toujours ouvertement ses propres inclinations, préférences et idées. Mais au cours des années passées à Paris Bailly ne se limite pas seulement à suivre ces négociations matrimoniales. Il a recours à ses connaissances pour s' occuper d'un problème diplomatique sérieux qui rend les rapports entre Paris et Turin assez tendu s : celui du contrôle des territoires du Montferrat, que se disputent la maison de Gonzague, héritière du duché de Mantoue, et la maison de Savoie. Par le traité de Cherasco, la France, arbitre de cette querelle, avait garanti au duc Charles II de Gonzague-Nevers la succession au trône de Mantoue et la possession du Montferrat et avait concédé à la Savoie seulement des places comme celles d'Albe et de Trin . En 1 65 1 l'Espagne, profitant de l a crise interne de l a France, propose à la Savoie de récupérer des territoires, en échange de son alliance. Le duc de Savoie, bien que tenté, n ' accepte pas et l' Espagne se tourne alors vers Charles II de Gonzague, qui devient son alli é . Les troupes espagnoles menacent le Montferrat et, au cours de l' été 1 65 1 , elles s' approchent de 74 doss. 23 1/B, f" 2rv. 75 Charles-Emmanuel II se lia en réalité avec des princesses françaises, mais elles ne constituaient pas d'aussi bons partis que Marie-Christine l'avait espéré. Sa premièrefemme fut Françoise d'Orléans, fille cadette de Gaston d' Orléans. Après la mort de celle-ci il épousa, en 1 665 Marie-Jeanne-Baptiste de Nemours, issue d' une branche cadette de la maison de Savoie.

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