La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Dossier 245 279 Mademoiselle a tousjours son leurre sur le poing14 et va si rarement au Palais d 'Orleans qu' on voit bien qu' elle espere tousjours une courone de fumée. Les trouppes de M. le Prince, congediées par M. de Manicant15, se sont heureusement retirées à Stenay 1�, les garnisons espagnoles de la Cappelle et des autres lieux les aiant laissé passer. Elles filent en partie vers Bellegarde11• On pretend faire une plus grande guerre encore au Cabinet, Monsieur se trouvant, avec grande assiduité, au lever du Roy et essaiant de luy donner des impressions de sa façon. On avoit dit que M. le Prince avoit surpris en sa marche la Charité et la ville de Gient, qui est à M. le Chancelier, mais l ' advis ne se trouve pas veritable18• M. de Chateau-Neuf n 'est point l'homme du coeur, ni confident des secrets, quoiqu'on puisse dire, mais le marquis de Seneterre et le nouveau Garde des Seaux sont, comme on dit, les hommes de Cologne. M. le Prince consent que M. de Chateau-Neuf subsiste, sur la parolle qu' il a donnée à Monsieur de ne j amais condescendre à aucune resolution violente qu' on puisse prendre contre lui. 14 «Avoir leurre sur le poing se dit figurément, en choses morales, des apâts trompeurs qui nous peuvent inviter ou exciter à faire ou à entreprendre quelque chose». Antoine FURETIÈRE, op. cit. , vol. II, p. 24. 1� Achille de Longueval, comte de Manicamp, maréchal de camp en 1636, lieutenant général des armées du roi en 1646. Il avait reçu, à condition de le rendre à Mazarin, le gouvernement de la Fère-en-Thiéracle, place forte au confluent de la Serre et de l'Oise. Cf. DN, cit., t. XII, col. 3 1 7-3 1 8. 1� Stenay était une place forte proche de la frontière, où les troupes de Condé s'étaient établies après la victoire remportée en 1643 à Rocry contre les Espagnols. Une fois Condé entré dans la Fronde, Stenay devint une des bases politiques et militaires des frondeurs et les troupes espagnoles occupèrent la ville de 1650 à 1 654. Cf. Jean MAILLARD, Stenay, hier, tome I, Des origines à la Révolution, Dossiers documentaires meusiens, n. 38. 1 7 Vallier (op. cit. , t. III, p. 1 5) explique: «Ün portait les ordres du roi aux troupes qui étaient sous le nom des princes afin de se joindre à l'armée de Sa Majesté commandée par Aumont mais elles se sont retirées à Stenai». 1 8 Une remarque de Dubuisson-Aubenay (cit., t. Il, p. 1 17) confirme que la nouvelle qui s'était répandue était fausse: «Ün dit que le prince est allé droit à La Charité, pour s'en saisir - faux».
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