La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 247 285 il a esté ordonné que l' arrest de la Cour donné contre le cardinal Masarin et ses niepces seroit executé, et qu'il seroit informé contre la Mancinii (c'est ainsi que le Parlement appelle la duchesse de Mercoeur) et contre le duc de Mercoeur, soy disant son mari, faute d' avoir satisfait à l ' arrest de la Cour, par lequel il luy estoit enjoint de produire son contract de mariage8• Voila bien de la besogne preste. Hier le peuple, aiant apris et croiant que cette duchesse Mancinii estoit ches Madame d' Ambus9 (qui a conduit tout l ' intrigue de ce mariage) , il entra avec furie dans son logis, demandant avec outrage qu'on luyk [l] ivrat l a Mancini, faute de quoi i l menaçoit de tuer, de piller et de bruler. Il visita et fouilla par tout, mais il ne la trouva point et on dit qu' elle estoit chez la Princesse Palatine. Quel exemple pour le Cardinal s ' il revient ! Sur le bruit que les enemis de cette1 Eminence font courir, // [f° 2r] qu' elle revient asseurement et gue la Reyne ne presse le voiage de Fontainebleau que pour l 'y faire venirm, le peuple menace hautement de se mutiner et de faire ravage. On a escrit ici de Mets, en Lorreine, que le Cardinal Masarin y avoit fait une superbe entrée, le treizieme de ce mois, et qu' il devoit aller de là à Perone, où le mareschal d' Ho[q]uincour le devoit recevoir10• Je n' affirme rien. Tout Paris est alarmé de cette venue et tout prest à la mutinerie. Et l'on ne croit point que la Reyne hazarde et cet homme et tout l' Etat, en le rappellant, quoique ses enemis publient hautement qu ' elle n' epargnera rien pour le r' avoir; mesme ils ont fait imprimer un etrange discours sur sa pretendue passion et qui meritoit le feu. 8 Depuis quelques temps les parlementaires demandaient des explications à propos de ce mariage et exigeaient de voir Je contrat de mariage. Sur ce sujet cf. doss. 238, note 24. 9 Marie de Brancas, épouse de Henri de Castellane, marquis d' Ampus. Quand Mazarin quitta en secret Paris, des attroupement se formèrent devant plusieurs maisons censées servir d'asile à ses nièces. Pour quelque obscure raison la rumeur folle s' acharna sur Madame d'Ampus qui vit sa maison saccagée. Cf. DBF, cit. , t. II, 1936, col. 734-735. 10 La nouvelle du bruit qui courait à Paris mardi 19 et mercredi 20 septembre à propos du retour en France du cardinal Mazarin est rapportée par Dubuisson-Aubenay, cit., t. ll, p. 1 1 8.