La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Dossier 248 297 Je m'en vais, tout de ce pas, au logis de ce Resident, pour sçavoir ce qu' il a fait, aussi bien ai-je la main rompue d' avoir tant escrit et V.A.R. avouera bien, en voyant tant de feuilles escrittes de ma main que, si elle a une bonté et une patience infinies de lire mes volumes, je n'ai pas reposé toute la nuict, puisque j' ay des-ja griffoné tant de feuilles, et que j 'escris à six heures du matin et à la chandele. Il m' a dict, Madame, qu' il ne pût voir hier le Sur-intendant, mais qu'il a un rendez vous avec luy, pour l ' aprés disner, et que la premiere affaire dont il luy parlera sera la vostre et qu' il m'en viendra rendre compte, ou m' escrira ce qu' il aura fait. Qu ' i l ira, demain, à Fontainebleau avec le Sur-intendant, et dans son carrosse, et qu' il ne perdra aucune occasion de vous servir et de m' escrire ses progrés, sur tout ceux qu' il fera auprés de la Reyne, qu' il est resolu de bien entretenir de V . A.R.. Il m' a confirmé la veritable disgrace de Messieurs Servient et Lionne, qu'ils etoient ruinés par tout, pour avoir eu le pied en deux souliers et souflé froid et chaud26, et que M . Le Tellier ne reviendrait point27• Je luy ay, ensuitte, parlé de M. l' Ambassadeur Servient28 et de ce qu ' i l deviendrait. «Ce que Madame Roiale voudra», m' a dit-il, «Elle aura tel ambassadeur qu' el le voudra». 26 «Souffler chaud et froid: cet homme souffle le froid et le chaud d'une même bouche pour dire il prouve le vray et le faux, il est pour et contre une même personne, il en dit du bien et du mal, il jouë les deux». Antoine FURETIÈRE, op. cit., t. Il, p. 5 1 1 . 27 Sur l 'éloignement de Servient et Lionne cf. doss. 240, note 1 . En réalité Le Tellier fut rappelé à la cour en décembre. Cf. doss. 254, note 15. 28 Ennemond de Servient, seigneur de Cossai et de la Balme ( 1 596- 1 679). En 1 623 il eut la charge de trésorier en Daupltiné, en 1 628 celle de président de la Chambre des Comptes de Grenoble. En 1 632 il fut nommé commissaire pour regler les limites du Dauphiné et de • la Savoie avec son frère Abel. Commissaire général des guerres et contrôleur des fortifications de Pignerol en 1 633, il devint conseiller d' État en 1 635, garde des sceaux, président au conseil souverain de Pignerol, intendant dejustice au-delà des monts en 1645, puis ambassadeur ordinaire de France à la cour de Turin de 1 648 à 1 676. Cf. Louis MORÉRI, op. cit., t. IX, p. 373; Gaudenzio CLARETTA, Ennemond de Servient, ambassadeur de France à Turin (1648-1676 ), dans «Bulletin de l'Académie Delpltinale», IX, 1 895, pp. 503-562.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=