La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 248 299 rn' en ont parlé ne me trompent, accomodante à une belle mere, et que d' ailleurs j ' avois assés de pouvoir sur l' esprit de celuy qui m' en parloit, je luy representei qu'il estoit expedient de ne pas se hâter; que je pensois aller bientost en Piemont, que j 'en parlerais à V.A.R. et qu' aprés Il [f' 5r] je luy rendrait réponce, d ' ami à ami, et que j ' aurais grande joye qu'il eut tout l 'honneur et tout l' advantage de cette negotiation. Ainsi, l' affaire fut remise et dissipée et tres à propos car Madame l'Epousée, devant qu' elle eut rompu avec Mademoiselle sur ce qu' on disoit à la Cour que V.A.R., pour ne pas mettre en compromis0 son autorité, ne consentiroit j amais à ce mariage, et ne voudroit pas avoir une bru qui voudroit tout d' abord gouverner, et qu' estant tres prudente et tres fine, aiant mesme l'exemple de la duchesse de Mantoue devant les yeux33, elle choisirait, sans doubte, une bru qui seroit enfantP pour l' elever à sa mode, qui n' auroit pas de long temps la passion de commander, repondoit qu'il faudrait bien que vous souffrissiés cette alliance, malgré vous, quand le Roy la voudroit et qu' on la mettrait en negotiation. Et la pluspart des politiques, et qui sçavent les affaires, me confirmant dans cette mesme pensée, je crûs d'en devoir absolument eloigner la proposition jusques à ce que V.A.R. en fût advertie, me proposant et attendant un grand effet de ma conduitte, ou que V.A.R. agreeroit cette alliance, en quel cas je Iuy aurois conseillé de la presser, afin que Mademoiselle en eut toute l' obligation à V.A.R. ou qu' elle ne l' agreeroit point, ce que je pensois et estimais le plus vraisemblable et alors, empeschant qu' on n'en parlat point, V.A.R. auroit son compte puisqu' il ne faut pas doubter que, si on en eut parlé et qu' on eut trouvé en V.A.R. de la repugnance à vouloir et à faire la chose, elle auroit desobligé toute la Maison Royale, et de plus ses enemis auraient pû, un jour, inspirer à S .A.R. , Monseigneur, que V.A.R., pour prolonger sa domination, l' auroit privé d ' un riche et advantageux parti. C' estoit, Madame, ce que j ' avois dessein de luy aller dire, et que je n'osois, en ce temps là, mettre sur le papier, car comme ceux qui se mêlent de cette nature I [f0 5v] d' affaires ne cherchent, pour le plus souvent, que leurs interests et point pour le bien propre et singulier de ceux pour qui ils traitent, et Dieu m' aiant fait la grace de me montrer un chemin tout contraire, je fus persuadé qu' il falloit vous representer la chose, du costé où vostre advantage 33 Bailly en avait déjà parlé au doss. 2 1 5/B, f" 1 v.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=