La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Introduction 29 Les années de la Fronde sont caractérisées sur le plan littéraire par la parution des mazarinades83 et en 1 649 Bailly reçoit du premier secrétaire Guillaume-François Carron de Saint-Thomas la tâche de se procurer ces libelles qui se vendent à Paris84 pour les expédier à Turin. Il n' hésite pas à les commenter: «le vous envoie par avance la piece qui a fait le plus de bruit [. . . ]. Elle est admirable, osté quelques petitesfautes, faites à dessein»85, ou encore: «le suis marri de ce qu 'on a envoié à Madame toutes les pièces . du temps, sans discernement, car il y en a de tres infames [ . .. ]. Jlfaudroit adroitement effacer ces monstres de saletés et sur tout les lire avec grande precaution» 86 • Notre barnabite a donc contribué à la transmission d' ouvrages français au Piémont en s' appliquant avec soin, mais l ' analyse de sa correspondance montre que c'est surtout comme «agent secret» qu' il se distingue. Il est un · protagoniste de premier plan de ce réseau diplomatique savoyard, officiel et non, qui opère inlassablement à Paris pour garantir au petit duché la protection, la bienveillance et l' aide économique et militaire du grand 1oyaume de France. Sa correspondance est un outil précieux car il s ' agit d'un document unique. Le regard que Bailly porte sur les événements est en effet celui d' un observateur privilégié dont il faut tenir compte si l ' on veut étudier à fond les relations franco-savoyardes au milieu du XVIJème siècle. · s3 Sur cette production pamphletaire cf. Hubert CARRIER, La Presse de la Fronde ( 1648- 1653): les mazarinades, 2 vol., -1: La conquête de l 'opinion, -li: Les hommes du livre, b enève, Droz, 1 989-1 99 1 ; IDEM, Les muses guerrières. Les Mazarinades et la vie littéraire aù milieu du XV//' siècle, Paris, Klincksieck, 1 996; Marie-Noëlle GRAND-MESNIL, 'Mazarin, la Fronde et la presse, Paris, Colin, 1 967; Christian JOUHAUD, Mazarinades: ,/a Fronde des mots, Paris, Aubier, 1985. 84 Jl écrit à Saint-Thomas: «le n 'ai jamais plus de consolation, ni plus dejoye que quand 'Je reçois de vos lettres, et de celles de M. R. sur tout quandj 'y trouve quelque ordre à exeeuter. Les deux dernieres m 'ont donné cette chere satisfaction, en me prescrivant d'achepter les pieces du temps, et d'en envoier deux copies. Jefais diligence à les avoir; §Ur tout les dernieres qui sont admirables, et tres difficiles à recouvrer [. .. ]. J 'ay donné ardre de les chercherpar tout, et à quelque prix que ce soit». (La Correspondance d'Albert Bailly, cit., vol. li, lettre 1 2 1 , F Ir). Dans son article «Des libelles infames et dignes de punition exemplaire». À propos de quelques lettres d'Albert Bailly, dans Studi di Storia della Civiltà Letterariafrancese, cit., pp. 361 -38 1 , Paola Cifarelli a avancé l'hypothèse qu'un recueil de mazarinades conservé � l' Archivio di Stato de Turin pourrait effectivement avoir été envoyé par Bailly. 85La. Correspondance d'Albert Bailly, cit. , vol. JI, lettre 1 2 1 , F I r. 86 Ibidem, lettre 1 38, F Ir.

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