La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
3 16 Correspondance d 'A. Bailly - 1 651 M. le Prince aiant fait son traité avec les Espagnols, les vaisseaux d' Espagne, qui estaient à Saint Sebastien sur la coste de B iscaie, sont entrés dans la riviere de Bordeaux et ont porté cent mille escus au Prince6• Il fait estat d' avoir quinze mille hommes effectifs, pour le 1 4 de ce mois, à sçavoir dix mille homes de pied et cinq mille chevaux, et d' aller assieger la ville de Saintes, qui est une belle et riche ville, et la capitale de l a Saintonge7• Le comte d'Ognon ne se détache point de son parti, comme on avoit crû et publié pour affaiblir le parti qu'il a dans Paris08• On ne doubte plus que la guerre civile ne continue, pour deux puissantes raisons. La prerniere, parce que M. le Prince a engagé à cette guerre des persanes trop considerables pour s' accommoder si tost (ce fut un motif que me dit, ces jours passés, une persone de condition et fort Princect). La seconde, à cause qu'on fait cette guerre à la seule personne de la Reyne•, le Masarin ne servant plus que de pretexte au ressentiment des Princes, qui estant persuadés que cette Princesse ne leur pardonnera j amais l' expulsion de ce Ministre, ne peuvent du tout se fier à elle etr ne croient pas d' estre en seureté auprés du Roy, tandis qu' elle y sera elle mesme en autorité, si bien que les politiques pensent que c ' est au Cabinet qu' on fait la guerre, et que l ' eloignement et la disgrace de l ' un des deux partis� doivent terminer et decider le different. 6 Condé avait signé un traité avec l 'Espagne qui prévoyait que le roi d'Espagne donnerait des subsides, des hommes prêts à combattre sous les commandements français et une flotte qui contrôlerait les côtes entre Bordeaux et B iscaye. En contrepartie Condé s'engageait à livrer un port aux Espagnols. Cf. Henri d'Orléans, duc d' AUMALE, Histoire des princes de Condépendant les XVI' et XVII' siècles, Paris, Calmann-Lévy, 1 863-1 896, 8 vol., t. VI, pp. 1 0 1 - 1 02. Le texte du traité a été publié par Victor Cousin (Madame de Longueville pendant la Fronde, cit., pp. 388-399). 7 Après s'être emparé de Libourne, Agen et Périgueux Condé avait assiégé Angoulême, qui avait opposé résistance. Saintes, au contraire, ne se défendit pas. Dubuisson-Aubenay précise (cit., t. II, p. 1 28): «Dimanche matin 5: le bruit que le prince de Condé s'étoit saisi de Saintes à l'aide de la défection du prince de Tarente, aîné de la Trémoïlle qui avoit levé deux ou trois mille hommes en Poitou, par commission et de l 'argent du roi. La reddition de Saintes est vraie». 8 Sur l'attitude de comte Daugnon cf. doss. 250, f' l r.
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