La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 251 3 17 M. le duc d' Orleans se va, cepandant, resjouir à Limours et y mene avec luy grand nombre de conseillers frondeurs, qui sont disposés à boire bien Il [f0 2r] des santés; et s' ils imitent la gaillardise de leurs confreres, qui ont esté les derniers regalés par S.A.R. dans ce beau lieu, ils pourront bien s ' y enivrer comme eux9• On creint fort qu ' à cette procheine entrée du Parlement, aprés la feste de Saint Martin, la fronde ne joue plus que jamais; et l'on ne pense pas que ce soit contre M. le Prince10• Le Gouverneur de Pari s 1 1 a fait prendre, auprés de Chartres, le Lieutenant des gardes de M. le prince de Conti12• Il est à la Bastille et M. le Lieutenant criminel13 me dit, hier, qu'il avoit ordre de l' aller interroger. La Cour ne se fie point à M. le duc d'Orleans, nonobstant les belles lettres qu' elle luy escrit. Il n ' a aucun pouvoir et le moien de ne rien obtenir c' est de s' adresser à luy. C' est ce qui le fasche et qui fait apprehender le retour de la fronde. Le Conseil que le Roy a etabli à Paris resQut et execute independemment de cette Altesse quoique, par honneur, le Gouverneur de Paris luy communique les affaires car, pour M. le Garde des Seaux et M. le Sur­ intendant, qui sont les deux ministres qui entrent dans ce Conseil, Monsieur ne les veut point voir. On a commandé à M. le marquis de Sainte Fricque de faire repasser en France les trouppes que le Roy \a/ en Italie, soubs le commandement unique 9 Dubuisson-Aubenay (cit. , t. Il, p. 128) à la date du 2 novembre nous informe que «M. le duc d'Orléans part de Paris à dix-heures du matin pour s'en aller à Limours y faire la Saint­ Hubert et revenir à Paris dimanche soir». 1 0 En effet lors de la première séance du Parlement après la Saint Martin, le 20 novembre, Condé fut accusé de ne pas vouloir arriver à un accomodement, que, par contre, Gaston avait voulu obtenir et on demanda une déclaration contre le prince mais, comme d'habitude, le duc d'Orléans tergiversa. 1 1 Le gouverneur de Paris était le maréchal de !'Hôpital. 12 Le ms. fr. 25025, f0 504v, rapporte cet événement: «Le nommé Du Fay, lieutenant des gardes du prince de Conti et autres six ou sept arrêtés par les gens du prévôt de l'Ile comme retournant de négocier des Pays Bas». Cf. aussi DUBUISSON-AUBENAY, cit., t. II, p. 1 28. 13 Le lieutenant criminel était Jacques Tardieu.

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