La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

330 Correspondance d 'A. Bailly - 165J Dieu veuille, s ' il luy plaist, suppleer à mon impuissance et verser à la plus auguste souveraine et meilleure maitresse qui fût j amais toutes ses plus abondantes et plus riches benedictions. Je prens la hardiesse de luy envoier la lettre qu' il m' escrivit, dez qu' il fût arrivé à son beau lieu de Romin-Ville, tout contre Bagnolet, afin qu' elle puisse concevoir, par les choses qu'il promet de me dire et par les tiltres d' honeur qu' il donne à V.A.R., les merveilles qu' il m' a dittes en effet et les profondes et infinies venerations qu'il a pour elle2• Elles sont, certainement, au dessus de toute imagination et il meurt, aussi bien que moi, d' envie de• reconoistre vos incomparables bien faits en toutes sortes de manieres, sans excepter mesme la vie. Je veux, pourtant, elever ma passion et ma gratitude au dessus des sienes car, n' estant pas si bien partagé que luy, / [f° l v] je ne laisse pas d' avoir, sinon plus de chaleur et d' ardeur pour le service de V.A.R., au moins autant que luy. Pleust à Dieu qu'il prit envie à V.A.R. de sçavoir en quoi je fonde l'inegalité de nos partages et le sujet de ma petite jalousie. Les grands esprits sont tous-jours curieux et, par cette raison, je suis certain que V.A.R. est dans une noble impatience d' aprendre comment il se peut faire que la plus juste maitresse du monde, et qui travaille le plus à paroistre tousjours egale, puisse estre accusée de partialité par un serviteur fidele et qu' elle comble de graces. Madame, je vais vous satisfaire et vous expliquer mon enigme. La constance est, sans doubte, le plus riche present que les souverains puissent faire à un serviteur honoré de leur amitié car, comme cette amitié est d ' un prix inestimable, aussi la continuationb doit, infailliblement, rehausser dè beaucoup la valeur de ce tresor. Et voici le suj et de ma pleinte et où je fonde vostre partialité et ma jalousie. 2 Cette lettre est transcrite en Appendice, Lettre N7.

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