La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 253 3 3 1 V.A.R., certainement, fait toutes choses à dessein, parce qu' elle les fait toutes à propos. Cela supposé, je suis fondé de soutenir que V.AR ., donnant à M. de Sainte Fricque un diamant, qui est par sa dureté le simbole de la constance, et à moi une croix d' aventurine, qui par sa fragilité est le caractere de l ' i nconstance, elle nous a voulu aprendre, à tous deux, qu' elle sera ferme en ses bontés pour l ' un et qu' elle pourra changer pour l' autre. Et bien, Madame, n' ai-je pas deviné? Si la croix eut esté d'une matiere plus solide, ou de bronze, ou de fer, ou de quelqu' autre metail, j ' en aurais esté bien plus consolé et plus satisfait, mais c ' est assés la faire rire sur un sujet. En voici un autre qui ne luy semblera pas moins ridicule. // [t° 2r] Mademoiselle n ' eut pas si tost apris son arrivée qu' elle le manda, et le tint depuis cinq heures du soir jusques à neuf, et il croit qu'il serait encore avec elle, sans le roy d'Angleterre qui les interrompit. Elle luy fit cent questions sur V.AR ., sur Monseigneur et sur toute vostre Cour. Elle luy demanda si V.A.R. luy avoit parlé d' elle. Il luy dit qu' ouy, que vous l' avies, Madame, infiniment louée pour son esprit, pour sa conduite, pour sa generosité et pour toutes ses vertus, et que vous l ' appeliés tousj ours «Mademoiselle, ma niepce». Elle temoigna d' estre beaucoup satisfaite de l' honeur que vous luy faisiés de lier et de joindre ces deux qualités ensemble. Elle s'enquit, curieusement, de trois choses: la prerniere, si S.A.R. sçavoit bien qu' elle avoit fait des promenades hors de Paris et s ' y estait bien divertie; la seconde, si elle estoit informée de tout ce qu' elle faisoit; et la derniere, si S.A.R., Monseigneur, estait tousjours soumis àV.A. et qui estoit son favori. Il repondit, aux deux premiers chefs, qu' elle n' avoit qu' à estre bien sage et qu' elle ne faisait rien qui ne fût escrit en Piemont et, pour: le dernier article, que S.A.R. vous deferoit jusques à n ' oser pas aller à la chasse ni signer une lettre de recommandation sans vous en demander congé, et que, comme V.A. abondait extremement en civilités, aussi bien que S.A., il vous avoit veu, quelques fois, avec admiration, tous deux dans d' agreables

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