La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
332 Correspondance d'A. Bailly - 1 651 contestations de deferences et de soumissions mutuelles, mais que S .A. vous forçoit tousj ours avec sa belle maniere de recevoir ses respects et ses obeissances. Qu' enfin, pour le favori, il n ' en avoit aucuns que ceux que V.A.R. luy donnoit et que, depuis que le dernier luy fût osté par le commandement de V.A.R., pour avoir un peu trop adheré à quelque inclination naissante de S.A. que la vertu et le soin merveilleux que V.A. prend de l ' education de ce Prince<l n' avoient pu souffrir, il n'en avoit point eu d' autre. À quoi elle repondit: «Jesus, Madame / [f0 2v] desaprouve-t-elle ces bagatelles, elle est donc d ' une vertu bien austere !». Madame de Frontenac) estoit presente et Mademoiselle, pour la r'envoier, comme elle fit heureusement, luy demanda brusquement: «Madame, sçait elle bien que Monsieur le duc d'Orleans, mon pere, a commencé d' aimer Madame de Frontenac?», sur quoy cette dame prenant congé assés confuse et interditte, Mademoiselle commanda à M. de Sainte Fricque de luy donner la main et de la mener aux Tuilleries où, se pourmenant avec luy toute seule, elle luy demanda: P0- Si S.A.R., Monseigneur, ne luy avoit point parlé d'elle. Il luy repondit que non; ce qui l' etonna. 2°- Comment il avoit receu et estimé son tableau. «Assés bien», dit-il, «mais il a infiniment plus prisé le portrait de Mademoiselle, vostre soeur, disant plusieurs fois que c 'estoit une belle persone»; ce qui la fit rougir4. 3°- S ' il estoit bien grand et, appellant deux pages assés hauts, elle demanda si S.A. l' etoit bien autant que le plus grand. 3 Anne de la Grange madame de Frontenac ( 1 632- 1 707), fille de Charles de la Grange, conseiller du roi. Ancienne amie intime de la Grande Mademoiselle, elle était mariée depuis 1 648 à Louis de 'Buade-Frontenac, qui fut gouverneur de la Nouvelle France de 1 672 à 1 682 et de l 689 à l 698. À la cour elle avait l ' appellatif de «divine» à cause de son attitude particulièrement raffinée. Cf. DBF, cit., t. XIV, l 979, col. 1 379- 1 382; T. P. BEDARD, La comtesse de Frontenac 1 632-1 707, Lévis, Pierre-George Roy, 1 904. 4 Bailly fait allusion aux portraits que Sainte Frique porta à Turin lors de son voyage au Piémont. Cf. doss. 236, note 1 6.
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