La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 253 333 M. de Sainte Fricque fit venir le page auprés de luy et, s' estant mesurés, il asseura que S.A. etoit de deux doigts plus haute; ce qui luy plût. 4°- Si elle avoit la taille riche et si elle estoit adroite en tous les exercices et, se reprenant, elle dit qu' elle estoit tres instruite que ce Prince avoit la taille parfaitement belle; ce furent ses termes. «Adjoutés», dit M. de Sainte Fricque, «que c'est le Prince le plus beau et le plus parlait qui soit en Europe. Vigoureux au dernier point et si courageux que Madame Royale a bien eu de la peine et du pouvoir de l' empescher d' aller commander, en personne, son armée, cette campagne». 5° - Si S .A. ne viendrait point en France, comme avoient fait souvent ses predecesseurs. Il repondit qu' il estoit Prince, sans doubte, à voyager et qu' il pourrait bien voir l' Italie, l' Allemagne et, peut estre, la France. // [f' 3r] 6°- Si Madame Royale avoit tousjours son embonpoint acoutumé, et qu'elle desireroit passionement de la voir. «Au premier chef», dit-il, «il n'y a point de Princesse qui l ' egale» et pour le dernier que V. A. n' estoit pas en estat de venir j amais en France, estant trop necessaire et trop adorée de son fils et que, pour elle, il ne croioit pas qu'elle passat jamais le Montcenis, sinon qu'elle allat par devotion à Notre Dame de Lorette. Cela la fit rire. 7°- Si elle estoit conue et aimée des ministres et des peuples de Piemont. «Ün vous y estime fort», repondit-il, «pour l 'honneur que vous avés d'estre niepce de leur souveraine et cousine de leur maistre». Voila une partie de leur dialogue, Madame, et qui fait assés conoistre que la bonne Princesse est ferue• et plus blessée qu' elle ne vouloit paroistre. Etr \je remerciei/ cent fois M. de Sainte Fricque de sess vigoureuses, hardies et sages reparties. Il faut un peu humilier les ames trop elevéesh et c'est le vray moien de les avoir. Il me dict que ç'avoit esté son dessein, et qu'il reconut fort evidemment que nostre Prince comrnençoit de faire songer et de rendre reveuse Mademoiselle et que V.A. y prit garde.

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