La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 254 339 Madame d' agreer le mariage du duc d 'York, son fils6, avec Mademoiselle de Longue-Ville, et qu' elle n ' avait pas voulu en escrire à Leurs Magestés et leur demander leur consentement sans en avoir, auparavant, l'agrêment de Leurs Altesses Royales. On remarqua que Mademoiselle, qui faisot la quatriesme en cette conference, en sortit en riant, un peu devant qu'elle fût finie; ce qui fit croire à tout le monde que la reyne d'Angleterre l 'avait demandée pour le Roy, son fils, et qu' elle n ' en avait pas voulu entendre la proposition, par pudeur et par modestie1. Neantmoins, elle ne fit point. Il est // [f0 2r] vray que le Roy, qui la recherche ouvertement, luy donna en suitte le bal chez elle, et qu'on s ' y divertit extremement8• Je viens, tout presentement, de chez Mademoiselle. Elle m ' a fait cent questions de V.A.R. et de Monseigneur, qu' elle avait apris qu ' i l estait beaucoup cru et que c' estoit un Prince fort achevé. Je luy ai repondu qu'il y avait trop peu de Princes pour leur comparer le nostre, et qu'il fallait dire qu' il estait le plus accompli de tous les hommes et que, s'il estait permis de faire quelque raport de son visage martial à ceux de toutes les Dames qui environoient cette Princesse, je soutiendrais hardiment, et dirais l a verité, qu' i l les surpassait tous en beauté, si j ' exceptais celuy de Mademoiselle, qui estait tout semblable à celuy de ce Prince. 6 James II Stuart, duc d'York ( 1 633- 1 70 1 ) , fils cadet de Charles l°' et d'Henriette de France. Livré aux parlementaires en 1 646 il put s'échapper en 1 648 et gagner la Hollande, pµis la France. En 1 652 et 1653 il servit dans !' armée de Turenne. En 1 660 il fut nommé grand amiral. Le 6 février 1 685 il succéda à son frère Charles II au trône de Grande Bretagne. Cf. Meria! TREVOR, The shadow ofa crown. The life story ofJames Il ofEngland and VII of Scotland, London, Constable, 1 988. 7 La reine d'Angleterre avait formulé pour ses enfants des projets de mariage ambitieux. Elle avait d'abord essayé de marier Charles avec la Grande Mademoiselle et ensuite James avec Marie de Longueville. Ces projets furent contrastés par Anne d'Autriche et Mazarin. Cf. Meriol TREVOR, op. c it. , pp. 1 3- 14, DUBUISSQN-AUBENAY, cit., t. II, p. 1 32, et le ms. fr. 25025, f" 5 16r. 8 Dubuisson-Aubenay (cit. , t. II, p. 1 32) fai t mention du bal qui eut lieµ chez la Grande Mademoiselle.