La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

346 Correspondance d'A. Bailly - 1 651 On avait fait courre un bruit: que M. le Prince avait defait quelques trouppes du Roy; mais il s' est trouvé faux. Les affaires de ce Prince vont tousjours mal et, osté Bourdeaux et Agen, tout le reste des villes de son / [ f'° 2v] gouvernement se declarent contre luy. C' est pourquoi M. le duc d'Orleans le presse de s 'accomoder et que, faute de le faire, il se detachera de ses interests5• Il a mandé ses trouppes, qui sont dans l ' armée de M. le mareschal d'Aumont. On tient que c ' est pour les opposer à celles du Cardinal. M. le Premier President et M. le Sur-intendant ont été mandés0 de la Cour, avec tout le Conseil d'Estat et des Finances6• La raison veritable est que, le premier aiant fait veriffier la declaration contre le Prince et rendu quelqu\es/ autres services secrets à la Reyne, elle j uge qu' il n ' est plus necessaire ici, qu' au contraire il prejudicieroit, à l' avenir, à ses affaires, estant obligé. en sa qualité de Premier President. d' autoriser toutes les resolusions que la compagnie prendra et peut prendre contre le Cardinal et de les sceler. en qualité de Garde des Seauxct. On dit, aussi, que c'est pour les delivrer de la fureur du peuple, à la venue du Cardinal, dont ils sont creatures. Ils attendent, pàr grimasse, un second mandement.// [fl 3r] Madame la comtesse de Briene me dit hier que, M. le Cardinal aiant supplié Leurs Magestés de l ' envoier à Rome, avec quelques marques d' honneur, pour sauver sa reputation et à M. le comte de Brienne de l ' y servir, tout l e Conseil fût d' advis de luy accorder cette grace, e t l a Reyne de mesmee, chacun croiant qu' il parlait français et sans grimasse'; \et que/ 5 Sur les tentatives d'accomodement entre Condé et la cour, qui n'aboutirent pas, cf. doss. 254, note 1 4. 6 L'ordre de se rendre auprès de la cour arriva le soir du 22 décembre ou le matin du 23. Les conseillers députés partirent le 3 1 décembre. Cf. DUBUISSON-AUBENAY, cit., t. II, pp. 144-1 45.