La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

350 Correspondance d'A. Bailly - 1651 Que, nonobstant la lettre à cachet de Sa Magesté qui defend au Parlement de luy envoier les deputés nommés par la compagnie pour la supplier de donner sa parole royale que le Cardinal ne reviendra plus, ils partiront avec diligence et iront donner part à Leurs Magestés de la reso1ution et de l 'arreté de la compagnie6• / [f0 1 v] Que d' autres deputés se transporteront sur la frontiere pour exciter les peuples à se soulever contre le Cardinal et luy courir sus. Tout Paris, Madame, est dans le sentiment du Parlement1 et, comme les habitans sont persuadés que le Cardinal, venant en France, ruineroit leur ville etg transfereroit les Cours souveraines ailleurs, aussi tous offrent hommes et argent à discretionh à S .A.R., pour faire une puissante année et capable de chasser le Cardinal et ses adherans. Le duc de Rohanes8, gouverneur de Poitiers et tout de la Reynei, est arrivé ici et il disoit avant hier à un de mes amis que cette Princesse, parlant en sa presence du Cardinal, dit en raillant que le duc d 'Orleans tremousseroiti tousjours, ce fût son mot, jusques à ce que le Cardinal fût mort, ou à Poitiers. Et que ce Duc luy aiantk\demandé/ si effectivement Sa Magesté feroit revenir le Cardinal, elle repondit ainsi: «En doubtés vous?»1• Il fit, comme on dit, une entrée royale à Sedan, la veille de Noel, M. l'Estrade9, 6 Le roi avait écrit au Parlement une lettre, lue pendant la séance du 29 décembre, dans laquelle il n'assurait pas le non-retour en France du Cardinal. En effet, Mazarin s'était rendu à Sedan le 25 décembre. 7 Cette affirmation de Bailly est en contraste avec ce qui est dit par Vallier, (op. cit., t. III, p. 1 00): «Cet arrêt ne f ut pas approuvé de tout le monde» et par Talon (op. cit. , p. 459): «Cet arrêt ne fut pas dans !'approbation publique, étant chose contraire aux ordres ordinaires de toute justice, soit militaire ou autre, de mettre à prix la tête des coupables». 8 Artus Gouffier, duc de Roannez, seigneur d'Oiron (?-1 696), pair de France, gouverneur et lieutenant général du Poitou en septembre 165 1 . Il se démit de ses fonctions en 1 664 et il embrassa la vie religieuse. Il était intimement lié avec Pascal. Cf. Louis MORÉRI, op. cit., t. V, p. 296. 9 Godefroy d'Estrades ( 1607- 1 686). À 1 5 ans il était page de Richelieu et de Mazarin. Il combattit avec valeur à la bataille de Rethel et reçut successivement le commandement de Bergues et Mardick et de Dunkerque. Toujours fidèle à la cause royale pendant la Fronde, il fut chargé des places et gouvernements de Tours, La Rochelle, Brouage, Oléron et du Pays d'Aunis. En 1 653 i l fut nommé maire perpétuel de Bordeaux. En 1 66 1 , i l fu t ambassadeur extraordinaire en Angleterre. En 1675 il fut fait maréchal de France. Cf. Jean

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