La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 214 43 Son Eminence a offert à S.A.R.6 et aux frondeurs de delivrer Messieurs les Princes1 et qu'ils n' avoient qu' à demander leur liberté efficacement avec asseurance de l' obtenir aussitost. Cet offre les a etrangement surpris et etonnés, car ils ne veulent point du tout la delivrance des Princes et seraient bien marris que leurs grimasses fussent exaucées8. Pour bien comprendre ce point delicat de politique, il faut sçavoir qu'il y a de trois sortes de frondeurs, à sçavoir des grands, des mediocres et des moindres9• Les grands frondeurs sont ceux qui ont contribué à l' emprisonement des Princes comme" M. de Beaufort10, M. le Coadjuteur1 1 , M. Broussel12 et les 6 S.A.R. désigne le duc d'Orléans. ü Les princes de Condé (doss. 2 17, note 16) et de Conti (doss. 2 17, note 50) et leur beau­ frère, le duc de Longueville (doss. 2 1 9, note 9) avaient été arrêtés le 1 8 janvier 1 650 et ils furent emprisonnés d'abord à Vincennes, ensuite à Marcoussis où ils furent transférés le 29 aQÛt et, à partir du 15 novembre au Havre. Sur leur arrestation cf. Adolphe CHÉRUEL, Histoire de France pendant La minorité . . . , cit. , t. III, pp. 355-387. ' 8 Sur les négociations de Mazarin avec les frondeurs et avec Gaston en janvier 165 1 cf. Adolphe CHÉRUEL, Histoire de France pendant La minorité. . ., cit., t. IV, pp. 242-247. 9 , Bailly nous propose une analyse particulièrement lucide et éclairante de la situation française au début de 1 65 1 où trois partis s 'opposaient: celui du Parlement, celui des princes :et celui c\es défenseurs de la couronne. 1 ° François de Bourbon-Vendôme, duc de Beaufort ( 1 61 6- 1 669), fils de César, duc de Vendôme, petit-fils d'Henri IV, frère du duc de Mercoeur. En 1 643 il fut emprisonné au Château de Vincennes pour avoir participé à la «cabale des importants» contre Mazarin mais il s'évada en 1 648. Quand la première Fronde éclata il devint le grand meneur des mouvements populaires et fut surnommé «le roi des Halles». Amnistié, en 1650 il reçut la ·�µrvivance de la charge de grand maître de la navigation que possédait son père. En 1 65 1 il se rapprocha de Condé, pour la libératio n duquel il s'était battu. Son crédit commença à diminuer après que Condé le nomma gouverneur de Paris en rempacement du maréchal de llHôpital et surtout après son attentat contre le duc de Nemours, son beau-frère, en 1 652. Cf. Isabelle de BROGLIE, Leducde Beaufort, Paris, Fasquelle, 1958; DBF, cit. , t.V, 1 95 1 , �Ql. 1 069-1 07 1. Jt Jèan-François-Paul de Gondi, cardinal de Retz ( 1 6 1 3- 1 679). Après des études chez les jésuites, il fut destiné à l 'état ecclésiastique. En 1 643 il obtint la coadjutorerie de l'archevêque de Paris, Jean-François de Gondi, son oncle. Pendant la Fronde il participa itç;.tivement, servant tour à tour Condé et Mazarin. Le 19 février 1 652 il obtint le chapeau �e cardinal qu'il convoitait depuis longtemps (À ce sujet cf. infra, note 49.) En décembre �652 Mazarin le fit incarcérer car il avait cherché à créer un tiers parti avec le duc d'Orléans

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