La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 214 47 'Le duc d'Orleans se pleignit fort de l' ambition de Mademoiselle, disant que tou [te] sa passion auroit esté qu' elle fit alliance en Savoye, mais qu' elle étoit tellement preoccupée et flatée de l'esperance d'une courone qu' il estait impossible de la porter à de moindres desseins22• M. le Cardinal répondit qu' il avoit eu les mesmes veües et les mesmes desirs que S .A. mais que Mademoiselle, en estànt tres éloignée, l ' avoit conjuré et pressé jusques à l'importunité de la proposer à l' Empereurn pour femme et que, toutes les raisons qu' il luy avoit representées de l'impossibilité morale de ce mariage, attendu la guerre qui estoit entre les deux Rois24, aiant été rejettées par Mademoiselle, il avoit consenti qu'on traitat avec }'Empereur; et qu' il avoit trompé Mademoiselle, voiant qu' elle vouloit bien estre trompée. Ce furent ses' propres termes. Madame de Chevreuse reprit le discours et dit brusquement que cette Princesse / [f' 2v] etoit bien delicate de refuser le duc de Savoye, qu'on luy avait dit estre si beau et si accompli, surtout aiant devant les yeux l'exemple les canons contre Paris et contre le roi. Elle fut exilée à Saint Fargeau, où elle demeura jusqu'en 1 657. Cf. Philippe AMlGUET, La Grande Mademoiselle et son siècle, Paris, Albin Michel, 1 957; Bernardine MELCHIOR-BONNET, La Grande Mademoiselle, Paris, Perrin, 1 985; Christian BOUYER, La Grande Mademoiselle, Anne-Marie-Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier, Paris, Albin Michel, 1 986. 2 2 Déja en 1 649 Bailly fit allusion dans sa correspondance à un mariage possible entre Charles-Emmanuel II et la Grande Mademoiselle (Cf. La correspondanced'A lbert Bailly, cit., t. II, années 1649-1 650, lettre 1 29 du 4 juin 1649, f' 2r). La duchesse de Savoie n'aurait pas vu de mauvais œil cette alliance mais Bailly la considérait un fort mauvais choix et essaya de dissuader Marie-Christine. Toutefois en 1 658 le projet n' avait pas encore été complètement abandonné (Cf. Luca GIACHINO, Lettres inédites de Mgr Albert Bailly (Rome - 1658), Aoste, Imprimerie Valdôtaine, («Biblioteca dell'Archivium Augustanum», XXVI), 1 992, p. 1 66). Ce fut la Grande Mademoiselle elle-même qui refusa l'alliance avec le duc de Savoie. 23 Ferdinand li d'Habsbourg ( 1608-1 657), fils de Ferdinand II et de Marie-Anne de Bavière. Couronné roi d'Hongrie en 1 626 et de Bohème en 1 627, il prit en 1 634 le commandement de l'armée impériale qu'il conduisit à la victoire de Nordlingen. Il devint empereur en 1 637. En 1 65 1 il épousa, en troisièmes noèes, Éléonore, sœur de Charles II de Gonzague, duc de Mantoue. Cf. Neue Deutsche Biographie, Berlin, Duncker und Humblot, 1 953, t. V, pp. 85- 86. La Grande Mademoiselle avait d'abord espéré épouser l'empereur et puis son fils Ferdinand François, roi des Roumains. 24 Bailly fait allusion aux relations difficiles existant entre la France et la maison des Habsbourg qui s'étaient affrontées pendant la guerre de Trente Ans (Cf. Introduction, note 39).

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