La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 218 93 S.A.R. luy repondit: «Vous, servir de caution ! Vous estes un bel homme. Il faudrait ne vous pas connoistre. Je sçai comme vous avés agi de tout temps. Lors que j ' ay estéh contre le Parlement vous avés pris son parti et, à present que je suis dans ses interests, vous estes de l' autre costé. Vous estes un franc masarin»; 19• Et, s ' adressant à M. de Vandôme, il luy dit: «J' ay écouté avec plaisir ce que vous m' avés dit. J'en ferei consideration et me resoudrei avec mon Conseil». Il [f' 3r] Aprés cette audiance les Mareschaux de France tous en corps, M. le Mareschal d' Estré20 portant la parolle, eurent leur audiance tres favorable et pleine d' accueil . Ils firent à Monsieur la mesme priere et luy offrirent de demeurer tous en hotages, à la garde des siens. Monsieur leur dit qu' il ne leur disoit pas qu' il ne verroit point la Reyne mais qu' il y penserait et leur feroit sçavoir sa resolution le lendemain mattin, par ceux qui negotioient de la part de la Reyne. ci au roi Louis Xlll, son fils. En 1 643, après la mort de Louis Xlll, il put rentrer en France et, l 'année d'après, il prit le commandement de l'armée de Flandre. Pendant la première fronde il fut l'un des généraux des troupes parlementaires. Après la paix de Rueil il se retira dans ses propriétés en Normandie. En 1 6 1 9 il avait épousé Catherine-Henriette, légitimée de France, fille d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrée, soeur du duc de Vendôme. Cf. DBF, cit., t. Xll, 1 970, col. 1 1 84-1 1 86. 19 Sur la dispute entre Elbeuf et Gaston d' Orléans cf. Guy JOLI, Mémoires, Nouvelle collection des mémoires relatifs à !'Histoire de France depuis le Xlll0 sièclejusqu ' à la fin du XVIII0 siècle parMichaud et Poujoulat, Paris, Féchoz et Letouzay, 1 8 8 1 , t. XXVI, p. 45 �ui rapporte les mots du duc d'Orléans: «C'est bien à vous, mazarin fieffé, à vous faire ici de fête! Vous étes un bel homme pour me servir de caution, vous qui devriez être tous les jours à mon lever! On sait assez que ce qui vous a fait changer de sentiment sont les domaines et l' argent que l ' on vous a . donnés. ( . . .) Je vous défends ma maison et de vous présenter devant moi». 2° François-Annibal d'Estrées ( 1 573-1 670). Destiné à la carrière ecclesiastique il l'abandonna à la mort de son frère aîné en 1 59 1 . En 1 599 il fut nommé lieutenant général de l ' Île de France et en 1 624 il commanda les soldats qui battirent les troupes hispano­ pontificales en Valtelline et il obtint comme récompense du succès le bâton de maréchal de France en 1 627. De 1 635 à 1 644 il fut ambassadeur à Rome. Revenu en France il reçut le titre de duc et pair en 1 648. À 93 ans il se maria pour la troisième fois en se liant à Mademoiselle de Manicamp. C' est lui qui confia en 1 605 aux Chartreux un manuscrit, déchiffré en 1 737, qui contenait la recette d'une liqueur faite d'une centaine de plantes, qui sera à l ' origine de la Chartreuse. Cf. DBF, cit. , t. XIII, 1 975, col. 1 48- 150; Gédéon îALLEMANT, op. cit. , t. 1, pp. 1 66-1 69.