La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

94 Correspondance d'A. Bailly - 1651 Cepandant Messieurs les gens du Roy eurent leur audiance, suivant l' arrest du Parlement, tres secretei et mesme il leur fût parlé bas et à l' oreiJlek2 1 • M. Talon22, advocat general, ne fit point de harangue et exposa simplement sa charge. La Reyne luy dit, sur ce qui regardait le Cardinal, qu' il pouvait asseurer le Parlement1 que l' eloignement du Cardinal estait sans retour"' et qu'il n' aurait plus de part au Ministere", qu' il pouvait dire au Parlement que les gens du Cardinal estait [sic] parti, puisque son nepveu estait hors la ville et que ses niepces en partiraient demain mattin. La Reyne asseura aussi qu' elle ne quitterait point Paris23• 0Du jeudi. Messieurs les gens du Roy ont fait leur recit24 que pour l'affaire des Princes, la Reyne desirerait conferer avec Monsieur en personne, ou par persane interposée. Monsieur est demeuré d' accord de la conference. / [f° 3v] Pour le surplus, Messieurs les gens du Roy ont fait leur raport conforme à ce que dessus. Le Parlement, en suitte, a donné I' arrest que Monsieur confererait et que le cardinal Masarin sortirait du Royaume dans quinsainer avec tous ses gens qui seront étrangers\ avec defence aux gouverneurs de le recevoir aprés les' 21 Omer Talon (op. cit., p. 4 1 2) précise en effet que: «le garde des sceaux faisant retirer tous ceux qui étaient proches du Roi et de la Reine et nous ayant fait approcher. . . » 22 Omer Talon ( 1 595-1 652). Issu d'une famille d'origine irlandaise, avocat en 1 6 1 3, excellent orateur, il plaida avec talent dans de nombreux procès. Avocat général depuis l 632, il défendit toujours avec énergie les prérogatives du Parlement. Pendant la Fronde il fit tous ses efforts pour empêcher la rupture entre le roi et le Parlement. Il a laissé des Mémoires continués par son fils. Cf. Abbé Hube1t MALFAIT, Un magistratde l 'Ancien Régime. Omer Talon, sa vie et ses œuvres ( 1595-1652), Paris, 1 902 (réimpression Genève, Slatkine reprints, 1 97 1 ). Sur cette audience cf. Adolphe CHÉRUEL, Histoire de France pendant la minorité . . . , cit. , t. IV, pp. 270-27 1 et Omer TALON, op. cit. , pp. 4 1 2-41 3 . 2 3 La nuit du 9 février l a tentative de l a reine et du roi de quitter Paris et rejoindre Mazarin à Saint-Germain avait échoué. Le roi dut subir une grave humiliation: le capitaine des gardes Suisses se rendit au Palais Royal et vérifia personnellemnt que le roi était bien couché dans son lit. Suite à cet événement il fut ordonné qu'une garde bourgeoise surveillerait les portes de la capitale. Cf. Adolphe CHÉRUEL, Histoire de la France pendant la minorité . . ., cit., t. IV, p. 27 l ; DUBUISSON-AUBENAY, cit., t. II, p. 1 6. Cf. aussi doss. 22 1 , note 2 et 226, note 9. 24 Sur la séance du 9 février cf. Journal du Parlement, cit., p. 39.

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