La correspondance d'Albert Bailly Volume IV Années 1652-1653 publiée sous la direction de Gianni Mombello

8 Correspondance d 'A. Bai/Ir - 1652 - 1 653 espérait ainsi couper court en profitant de l ' émotion que la victoire obtenue par Condé sur les Espagnols, à Lens, avait produite sur le peuple. li fut vite désil l usionné : la révolte s ' enflamma davantage et la remi se en l i berté du v i eux Broussel ne réussit pas à l ' apaiser. La cour dut capituler ; elle abolit ou réduisit un certain nombre d ' i mpôts et céda sur d ' autres points en l i tige. Toutefois, la guerre contre l ' Espagne conti nuait, et Mazarin ne cessa pas d ' être la cible de l ' animosité popu laire, qui l'accusait d ' en treteni r le conflit au profit de ses affaires. Se igneurs et dames, c lergé ( avec Paul de Gond i ) e t « robins », bourgeois e t paysans, tous s e retrouvèrent unis dans leur haine commune. Pourtant, même ce point de force ( tous contre un ) se transforma bi en tôt en fai blesse, car l es rai sons pour lesquel l e s cette mu l t i tude de « protagonistes » agissait étaient fort différentes. La paix de Rueil, en 1 649, réussit à apai ser l ' agitation civile. Mai s une nouvelle Fronde allait éclater, bien p l us dangereuse que la précédente : ce l l e des princes, dési reux de raffermir le pouvo i r de la noblesse de sang sur la pui ssance personnelle et bureaucratique de Mazarin . Le mi n i stre et la régente, à bout de patience, en firent arrêter les chefs : Loui s de Bourbon, prince de Condé ; son frère, le pri nce de Con t i ; et l e duc de Longuev i l l e , beau -frère des deux précédents . La cour, qu i avai t qu i tté Pari s en tre-temps, pu t ren trer finalement dans la capitale. Mais Mazarin , voulant renforcer son autorité, ne réu s s i t q u ' à déclancher une nouve l l e coal i t i on contre sa person n e . Résu l tat : on commença à demander l a l ibérati on d e s princes et l e bann i ssement du mi n i stre . Mazari n n ' attend i t pas l ' arrêt et i l s ' ex i l a volontairement e n février 1 65 1 à Cologne, d ' où i l cont i nua néanmoins à d iriger l ' activité pol itique de l a rei ne et de son Conse i l . Avant de sortir de France, i l fit une u l ti me tentative de se réconci l ier avec les princes. en al lant l e s l ibérer, ma i s tout fu t i n u t i l e . Cependant, l a désu n i on s ' i nstal la rapidement parmi les protagon istes de cette Fronde : le duc d'Orléans, le c oadj uteur Gondi et l e Parlement, avec son premi er président Mathi e u Mo l é , n e furent pa s en mesu re d e parven i r à d e s accords durab l e s e t l assèrent l'opinion publique par leurs mésintell igences. Le Grand Condé, de son côté, n e tarda pas à mécontenter l es Pari siens, qui fin irent par le cons i dérer un t raître , briguan t avec l ' Espagne. Au moment de son bannissement, Paris ne bougea pas. Ce fut à ce moment-l à que Condé sauta le pas et qu ' i l gagna Bordeaux. C ' est dans ces conditions que l ' an 1 652 débuta. Le 30 janvier, le ministre Mazarin rentra en France et rejoi gnit à Poitiers la reine et l e roi , contraints à rôder à nouveau sans répit autour de Paris . Sous sa conduite écl airée enfin

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