La correspondance d'Albert Bailly Volume IV Années 1652-1653 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Ga:e11e 274 1 05 Nous sommes à l a vei l l e d ' un effroi able carnage, dans cette v i lle, si Dieu n ' a p i t i é de nous . Chac u n fai t pro v i s i on d' armes, et mesme chacun se confesse comme s ' i l a l l oit mourir. Si le Roy vient à Paris , comme il semble qu ' i l J e doit, (ce pauvre Prince ne sçachant plus oi:1 al ler), et qu ' i l y face ven i r avec soy l e Card i nal, i l faudra qu ' une partie de son armeé y entre quand et quand ; cel l e des Princes y entrera par un autre costé, et ainsi on verra des barr icades e l evées par l e s un s contre les autres, et d' etranges desordres . Toute la campagne est desolée par les deux armées, et on ne voit les rues remplies q ue de charretes c hargées des meubles de ces pauvres fugi tifs, et d' une i nfin i té de pauvres qu i meurent de faim12• / ( f0 2v) Le Roy d ' Ang l e terre " ayant proposé à l a Reyne quelque image d ' accommodement a esté tres bien ecouté 1\ mais S . A . R . , sur le di scours que ce Roy luy en a fai t à son retour de l a Cour, a répondu qu'elle ne pouvoit rien deliberer que par les conse i l s, et les volontés du Parlement, de M. le Prince, et de la v i l l e de Paris, et que le Roy avoit en ses mains le reponce, et la paix , qui estoit de c hasser le Cardina l , sans quoy i l n ' y auroit jamais d' accommodement 15• " La m isère était effroyable à Paris : plusieurs milliers de pauvres y mouraient l ittéralement de fai m chaque jour. Les villages aux environs de la capitale supportaient le même sort : le nombre de plai ntes adressées en ce temps-là au Parlement ou à la Chambre des Comptes témoignent bien la désolation commune des territoires. Paysans et bourgeois. clercs et nobles, tous clénon<;aient sans cesse les violences et les ravages mis à exécution par les soldats. Surtout les troupes Lorraines se faisaient craindre. Cf. DUBU ISSON AUBENAY, op. cit.. t.IL pp. 2 1 9. 232. 238. Sur ce sujet, on peut consulter aussi les M é m o i r e s du Père Berthod (éd. par CHAMPOLLION-FIGEAC et A . CHAMPOLLION fils. Paris. Féchoz et Letouzey. 1 88 1 . « Nouvelle collection de mémoires . . . » par Michaud et Poujoulat, t.XXlV, pp. 30 1 -303) et le l ivre d ' A . FEILLET. La misère au temps de la Fmnde et Saint Vincent de Paul, Paris. Librai rie Académique Didier. 1 886. " Charles II Stuart ( 1 630- 1 685). roi d"Angleterre. d' É cosse et cl' Irlande. Il était devenu roi en exi l après l 'exécution de son père. Charles ]", en janvier 1 649. Réfugié en France depuis septembre 1 65 1 , il dut quitter ce Pays en 1 654. lorsque Mazarin traita avec Cromwell. Il ne rentra à Londres qu ·en mai 1 660. Au lendemain de son couronnement ( 1 66 1 ), il annon<;a ses noces avec Catherine de B ragance ( 1 662) . R. OLLARD. The image o/the king. Charles l and Charles Il. London. Pimlico, 1 993, pp. 80- 1 75. " Charles l i était arrivé à Corbe i l , avec le duc d ' York. le 23 avril pour en revenir le '.25 : cf. VALLIER. op. cit.. t.IL p. 2 1 1 : les Mémoires de Madame de Motte1•ille, éd. par F. RIAUX, op. cit.. t.IV, p. 14 : la Correspondance du chel'a!ier de Sévigné . . . . op. cit.. p. 1 09. " Talon rapporte l a même nouvelle : cf. TALON , Mémoires. op. c i t . , p. 478. Cf. aussi

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