La correspondance d'Albert Bailly Volume IV Années 1652-1653 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Gazette 275 1 09 I l y a eu deux emotions: <da>ns la premiere, le Prevost des marchands, et u n echev i n , censé s Masari ns , ont e s té battus . poursu i v i s , et sauvés par miracJeh4; et dans l a seconde, quatre hommes ont esté tués, et sept ou huict blessés ' . On tient que M . le cardinal de Rés, et Madame de Chev[reuse], sa bonne amie6, ont empesché l ' accommodement, et attiré pour certai n le duc de Lorraine en France7, qu ' on attend en bref ici'. On ne sçait poi nt encore • Il s ' agit de la mésaventure arrivée au prévôt des marchands. Antoine Le Fèvre, le 30 avril . Des Parisiens s'étaient rendus a u Luxembourg pour l ' accuser d e n e pas avoir pris toute mesure nécessaire pour ! ' approvisionnement régu 1 ier en blé de Paris. Le duc d' Orléans fit alors appeler ce magistral. qui arriva avec deux échevins. À la sortie du Palais d'Orléans, Le Fèvre el ses collègues furent attaqués par la populace enragée. pierres à la main. Le prévôt arriva à se sauver en se réfugiant dans une maison qu ' i l ne quitta qu'à nuit survenue. Cf. les Œ111'1-e.1·du rnrdina/ de Retz., op. cit.. t.IV. pp. 660-66 l et DUBUISSON AUBENAY. op. cit.. t.IL pp. 1 65- 1 66. Le nouvel liste du ms. f. fr. 5 844 ( Paris, BNF. f0 9r) justifie ainsi la convocation du duc d'Orléans : « le samcdy dernier [29 avril ] , le prevost des marchands, ayant fai t afficher des placetz en diverses lieux de nostre ville portans injonctions au maistre des ponts et chaussés de faire rcstablir les ponts de Saint Cloud, Nully, Chatoy et du pont sous Saint Germain, lesquels avoient esté rompus par l e s ordres de S . A . R . et aux comrnand[an t j s de courir sur ceux qui voudraient s'opposer au restablissement des dits pontz, elle [S.A.R.] fut fort i rritée et donna ordre aux eschevins de se rendre en son palais le lendemain, dimanche. sur le soir, auxquels i l dit tout haut. affin que chacun l ' i ntendist. que c'estoit un arti fice de la duchesse de Chevreuse et de ceux de sa cabale. voulant parler comme on voit de M' le Coadjuteur. lequel s ' est abstenu despuis quelques jours d'al ler au palais d'Orlcans ». À la sorti � du Luxembourg. le prévôt et ses échevins t \ 1rcnt agressés. comme on a dit. ' Bailly pourrait faire allusion ici aux événements du , , . , mai. Au soir. la populace bloqua deux charrettes chargées d 'armes et de munitions que l'on envoyait à Saint-Germain-en­ Laye, aux troupes royales. Promptement averti . l'armurier qui avait fourni la marchandi se , un certain Bénicourt, accourut dégager les charrettes. avec des amis. Une bagarre éclata aussitôt. oli certains furent blessés, d'autres tués : cf. DUBU ISSON AUBENAY. op. cit., t.II. p. 2 1 5 . À l 'époque. la canaille. sûre de rester i mpunie. se livrait quotidiennement aux pillages et aux assauts. Lorris s ignale nombre d'autres petites émeutes relatives à ces mois­ là (cf. LORRIS. op. cit .. p. 322). 6 En réalité. s i l'on croit à ses mémoires. à cette époque-là Retz n'était plus i ntime de la fille de la duchesse de Chevreuse et i l n ' agissait plus de concert avec sa mère. Madame de Chevreuse, au contraire, « acquit en secret [à Mazarinj le duc de Lonaine. sur lequel son i nfluence resta toujours la même. et il n 'est pas d i ffic i le de reconnaître sa main cachée derrière les mouvements divers et souvent contraires de Charles IV à la fin de la Fronde » (V. COUS IN. Madame de Chevreuse, op. cit.. p. 324). 7 Charles de Lorraine était entré e n France à la fin du mois d ' avril : sa sœur et le duc d' Orléans l' avaient appelé afin de pouvoir s ' appuyer sur une force m i l i taire comparable

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