La correspondance d'Albert Bailly Volume IV Années 1652-1653 publiée sous la direction de Gianni Mombello
10 Corrt'.\fH111da11ce d'/L Baillv - 1652 - 1 653 l e Parl emen t , q u i avait con s c i ence du risque qu e courait l a c ap i t a l e . Envahie de réfugiés misérables, e l l e supportait désormais mal l ' anarch i e dans l aque l l e o n l ' avai t fa i t e sombrer ; l e s émeu t e s popu l a i re s l a troubl ai ent presque tous l es jours et l a démagogi e des « mazarinades »en empo i sonna i t le c l i mat. En ma i 1 65 2 , Ture n n e i nf l i gea un e nouve l l e défaite aux armées des princes à É tampes. même s i cette v i l l e resta e ntre l e s mai n s des frondeurs. Ce f u t à cette époque qu e Mazarin pri t des con tac t s avec C romwe l l\ pour tenter de sauver Gravel i n e s , don t l es Espagnols s ' emparèren t pourtant l e 1 8 mai 1 652 . Charles IV de Lon-aine, allié du roi Phi lippe IV, entra en scène à ce moment là. « Plus d iffi c i l e à fixer que le mercure » 1", ce duc passa en France avec une armée fourni e par l ' archiduc des Pays-Bas. Il arriva pour souten i r l a cause des nobles e n révolte, mai s i l consentit b ientôt à négocier tantôt avec l e s frondeurs, tantôt avec la cour, pendant que son armée ravagea i t atrocement la Champagne e t la Brie. Le 6 juin, i l signa avec la cour un traité, par l equel il s ' engageait à sortir de France si le siège d ' Etampes était levé. Fi nalement, il ne respecta pas cet accord, et ses soldats continuèrent à pi l ler et dévaster la région parisienne. L' été 1 652 fut le scénario d ' événements très dramatiques. Le i" et l e 2 ju i llet, i l y eut une bataille, au faubourg Saint-Antoine, qui aurait pu marquer la fi n de la Fronde des princes si Mademoiselle de Montpensier n ' avait pas fai t tourner l e s canons de la Ba st i l l e contre l es troupes royales et si e l le n ' avait pas donné l ' ordre d' ouvrir les portes de Paris à Condé et à ses fidèles, en pleine déroute. Deux j ours plus tard (le 4 j u i l let), le duc d' Orléans et Monsieur le Prince voulurent forcer l a municipalité, qui demeurait neutre autant qu ' i l l u i était pos s i b l e , à se déc l arer pour l eur cause. Ma i s i l s n ' arrivèrent pas à l eur but e t un tumu l te séditieu x , accompagné d e tueries et d ' i ncendies, éclata à l ' intérieur et au dehors de ! ' Hôtel de Vi lle. Pour tout le monde, ce fut une démonstration u l térieure de ce à quoi pouvait donner lieu l a « terreur condéenne », qu i effraya les uns et fin i t par dégoCtter l es '' Dans s on Testa111e111 pulitiqu<'. le card i n a l R ichelieu écrivi t : « Négocier sans cesse, ou vertement et secrètement, en tous l ieux et choses de tout nécessaire pour le bien des états ». Mazarin et Louis XIV ne pensèrent pas autrement (ci tation tirée de A. CORY ISIER, LJ.1 Frw1ci' de Louis XIV, 1643-1 715. Ordre intérieur erplace <'11 Eumpe. op. cit., p. 85) . En décembre 1 652, Mazarin se décida à reconnaître la République anglaise : malgré cela, le Parlement d'Angleterre mai n t i n t une neutral ité ambiguë et flottante entre la France et l ' Espagne. '" Cf. la Gazette de Fronce, 1 653, p. 8
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=