La correspondance d'Albert Bailly Volume IV Années 1652-1653 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 90 Correspn11dw1CI' d 'A. Buillv - 1652- 1653 crime I (t-o 2r) enorme, le Pape nomme des Evesques qui assistent avec les j uges royaux à son procés, et que pour les Card inaux, l e Pape seul les juge, et jamai s la just ice seculiere4• Et que le Parlement, jugeant à mort le cardinal Masarin, a fai t l ' office du Pape. Que c ' estoit une bel l e occasion pour Sa Sainteté d ' etablir son autorité, et celle de l ' Eg l i se dans ce Royaume, dans une si heureuse conjoncture, où elle auroit pour protecteurs, et pour associés à son interest le Roy, la Reyne, et le Mi n istre, qui en" une autre occasion aura ient esté ses parties, et ses j uges. Aprés de si specieuses remontrances, et raisons, le clergé n ' attendait rien moi ns de la j ustice du Pape qu ' u ne excommunication contre le Parlement, et un bref de remerciments, et d' eloges pour soy, sur tout que l exemple du cardinal de Guise, tué à B lois, est encore recent5. Et, au l ieu de ces anatemes, et de ces louanges, il a receu un bref qui le fai t passer pour ridi cule, et le Parlement I ( f0 1 v) pour tres advi sé . Voici donc la reponce du Pape qui, faisant enrager J ' Agent du clergé pendant qu ' i l me la lit, me fai t rire tout mon sou"6• " Dans le texte de ce concordat de 1 5 1 6, la clause spéciale attribuant au Pape le jugement des cardinaux se trouve formulée dans la ruhrique VI". Les c lauses majeures sont visées dans la rubrique V' : Des causes. comment elles dni1·ent être terminées au rovawne et 11011 e11 court de Rome ; où l'on peut l ire : « Nous statuons pare i l l ement et ordonnons q u ' au royaume . . . toutes les causes, exceptées les plus grandes exprimées en droit (ce sont les causes majeures) devront être termi nées et fi nies par devant les j uges desdits pays . . . » (Recueil général des anciennes lois françaises depuis / 'an 420 jusqu 'à la rél'o!urio11 de 1 789 . . . . par MM . JOURDAN, DECRUS Y. JSAMBERT, Pari s. Belin Je Prieur ( e t Pion frères). J 82 1 - 1 833. 29 vol. . t.XII. première partie. p. 88). Celle qui concernait Mazarin était considérée comme étant une cause majeure. ' Rappel du meurtre de Louis I I de Lorraine. archevêque de Reims, cardinal de Guise. tué aux derniers états de Blois. le 24 décembre 1 588. un jour après la mort de son frère. le duc de Guise. Petit-fils du premier duc de Gui se. Louis avait succédé au cardinal de Lorraine, son oncle. à l ' archevêché de Reims e n 1 57 5 , et il avait été promu au cardinalat sur la proposition du roi Henri ll1 par Grégoire XIII. en J 578. Après avoir fait assassiner le cardinal de Guise. Henri III essaya d'obtenir son absolution auprès du pape Sixte-Quint. Pour toute réponse. le Pape publia u n monitoire ( mai 1 589) où i l citait le roi à comparaître devant l u i . en personne ou par procureur capable, clans les soixante jours. pour rendre compte de l a mort de Louis de Lorraine. et le menaça d'excommunication afin de le forcer à rendre la liberté à deux ecclésiastiques qu' i l détenait. Cf. les Œuvres du cardiJwl de Retz, coll. « Grands É crivains de la France », op. cit.. t.IV . p. 469, n. 1 0 . " Dans l ' expression « rire tout mon sou » , Bailly confond sou < solidu (= monnaie) avec soul < sat1îllu (= rassasié).

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