La correspondance d'Albert Bailly Volume IV Années 1652-1653 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Gazette 294 1 9 1 I I repond trois choses. La prenùere: que l e c lergé s'est pu tromper dans le fait, et qu' il doubte que tout ce qu' i l luy a exposé de cette affaire soit bien vray. La seconde: que le Cardinal a eü tort de retourner en France, et que lorsqu' i l estoit e n A llemagne, i l luy avoit envo i é un bref par lequel i l l ' exhortait à ne p l us entrer dans l e Royaume, et de se reti rer tout à fai t . I l exprime ce commandemen t pa r ce s troi s mots latins: «domestica, et paterna monita», des advis ou, pour mieux exp l i quer l e mot quoiqu ' en blessant un peu les oreil les de V.A. R . , des admonitions domestiques, et paternelles. Et la dern iere: que quand mesme le Parlement aura i t excedé en cela, tousjours l a chose serait s i del icate, et si hazardeuse à la faire comme l e c lergé de France l a demandai t / ( f0 2v ) que, devant q u ' y prononcer, i l faudrait bien y penser. «C' est pourquoy, adjoute-t- i l , je prierei Dieu qu ' i l me donne les l umieres necessaires pour voir p l us c lair dans une affaire si tenebreuse, et je vous prie de faire aussi des voeux au ciel pour l e mesme effet». Voi l a toute la substance du bref Le clergé s ' est assemblé pour prendre quelque resolution, et il a esté deliberé qu' on escriroit de nouveau au Pape. La Reyne, ayant apris que ce bref estoit entre les mains du premier Agent General du c lergé7, le manda, et aprés la rel ation qu' i l luy en fit, elle l uy dit en souriant ces paroles: «Nous sçavons bien distinguer entre le Saint Siege, et le Pape. Le premier est i nfallible, car il est tousjours conduit par le Saint Esprit. Le Pape peut estre sujet à la co l ere, et au resent iment». <Ce bref fai t voir que l e Pape n ' aime \guere/r le Cardina l . Ma i s Madame, V. A . R . me face l a grace de resoudre un cas de conscience que j e l uy propose, quoique j ' ai e l ' honeur d ' e s tre son theologal . Aprés ce bref comment est ce que Rome parlera pour les moines qui ont voulug attenter à la vie de leurs souverains [?] Oh, que ma condition est elevée sur celle des Cardinaux. 7 À cette époque. il y ava i t deux agents d u c lergé, chargés de vei l ler aux i ntérêts des ecclésiastiques. Ils étaient nommés pour cinq ans par deux assemblées provinciales du clergé, qui procédaient à cette élection à tour de rôle. Cf. A. CHÉRUEL. Histoire de France sous le ministère . . . , op. cit.. t . I , n.3 de p. 387.
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